Depuis maintenant 4 ans révolus que nous nous sommes lancés, Pommier et moi dans la longue procédure qu' est celle de l' adoption de notre troisième enfant, nombreux sont ceux qui nous disent " que vous êtes charitables", ou "c 'est beau ce que vous faites", ou "quelle belle action"...
Je ne sais pas ...
Mais ce genre de phrases me laissent un goût amer dans la bouche.
J' ai beaucoup de mal avec cette notion de Charité...
Et je me rend compte que pour la majeure partie du monde, le fait même d' adopter est un acte charitable, un acte humanitaire... UN ACTE HUMANITAIRE!!!!
Mais quand même!!! se rendent ils compte de l' atrocité qu' ils peuvent insidieusement mettre dans la tête des enfants adoptés? du poids sur leur epaules, et de l' annihilation de toute estime de soi qu' ils pourront un jour leur provoquer?
Un enfant n' est jamais un "pis aller", il n' est jamais un acte de charité.
Un enfant adopté ne devrait jamais ressentir le sentiment de pitié dans les yeux de ceux qui l' entourent.
Adopter un enfant est un choix. oui un CHOIX. Comme il est du choix de chacun de vouloir devenir mere un jour.
Le recours a l' adoption lorsqu' on a choisi de vouloir devenir mère n' est, par contre, pas toujours un choix: c 'est sur. Apres des années de PMA infructueuses ( par exemple), nombreuses sont celles qui se tournent vers l' adoption car elles ne peuvent devenir meres "par le sang".
Mais il nous appartient toutes de vouloir, ou non, devenir mères.
Et lorsque nous nous tournons vers l' adoption, ce n' est jamais par simple dévotion, ou par acte caritatif, et encore moins humanitaire. ET C 'EST TANT MIEUX!
Nous nous tournons vers l' adoption car nous l' avons choisi. En toute connaissance de cause. Car nous désirons un jour un enfant. EN PREMIER LIEU PARCE QUE NOUS DÉSIRONS UN ENFANT... en non pour nous ouvrir les portes du paradis.
Nous nous tournons vers l' adoption car l' envie d un enfant, et/ou d 'une parentalité est plus forte que le reste.
Imaginez, ne serait ce qu' une minute, qu' un enfant grandisse en entendant sans cesse : " je t 'ai sauvé de la misère", " Et ta "vraie" mere, alors elle t ' a abandonnée, mon pauvre ", " qui sais ce que tu serais devenu sans moi".
Mais ALLO!
Non, etre parent d 'un enfant adopté, c 'est refuser ce regard de pitié que le commun des passants pourra porter sur notre enfant.
Etre parent adoptant, c 'est être bien conscient, que cet enfant, on l' a choisi. Et qu' il nous a choisi.
Que " l' univers entier a conspiré pour qu' on le trouve " ( l alchimiste, P. coelho).
Et, je pense sincèrement que cet enfant aura ete l' étoile de sa mère biologique, qui dans un don d ' elle même, très courageux, aura fait ce qu' elle pensait être le meilleur pour cet enfant.
L' acte de courage dans l' histoire d 'une adoption, n' est pas celui du parent adoptant, mais bien celui de la mère biologique, qui, au delà de toute imagination, aura su/pu rêver une autre vie pour son enfant.
Mon enfant n' aura pas besoin de votre charité, messieurs dames.
Il n' aura pas besoin de votre pitié non plus...
Je n' aurai moi même pas besoin que l' on me dise que je suis " courageuse", ou "charitable". Les portes du paradis ne s' ouvriront pas pour moi juste parce que j' ai adopté un enfant.
J' ai fait ce que je désirait faire. Je voulais etre maman , encore une fois.
Je voulais m' épanouir et regardant pousser un tresor, encore une fois.
Je voulais tenir par la main, encore, une petite menotte.
Je voulais encore des colliers de bras autour de mon cou.
Je voulais encore un enfant.
Ce n' est pas du "courage", ce n' est pas de la "pitié", ce n' est pas de la "charité".
C 'est juste un désir de maman.
Et cet enfant, qui me sera confié, n' aura pas besoin de pitié non plus, car il aura été choisi, par l' univers tout entier, un élu, un don d 'amour d' une mère a une autre.
Un cadeau de l' univers d 'une mère a une autre. Voila tout.
Je ne suis qu' une maman, qui n' aura pas porté son enfant dans son ventre, mais qui aura bien conscience du trésor qui lui sera confié, et de la grande tache qui lui sera confiée: être à la hauteur de la mère qui l' aura portée, et du don de soi qu' elle lui aura fait.