Magazine Journal intime

[#mrl17] gabriële, biographie, anne et claire berest

Publié le 15 octobre 2017 par Tilly

Stock, août 2017,lien 450 pages, 21 euros 50

Femme de... Mrs Y... épouse X... ? Quel statut pour celles que les historiens des arts ont souvent vues comme des muses, des égéries, sans trop se demander si elles avaient existé, ou voulu exister, par elles-mêmes aux côtés de leur grand homme ?

Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient «  la femme au cerveau érotique  » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zürich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. Ce livre nous transporte au début d’un xxe  siècle qui réinvente les codes de la beauté et de la société. Anne et Claire Berest sont les arrière-petites-filles de Gabriële Buffet-Picabia.
Anne et Claire Berest sont les deux arrière-petites-filles de Gabriële Buffet-Picabia (1881 -1985, 104 années). Les deux romancières font ensemble le portrait d’une femme à la Belle Époque, étonnante, moderne, importante. En refermant le livre je me demande ce que Francis Picabia (1879 - 1953) aurait accompli sans elle. Beaucoup moins sans doute. Et si même il aurait pu survivre à ses addictions et aux crises de neurasthénie qui annihilaient régulièrement sa créativité. Il lui devait beaucoup. Cette cérébrale intuitive avait brutalement abandonné pour lui, sans remord apparent, la voie exigeante qu’elle s’était choisie jeune femme : la musique abstraite, la composition.

À son honneur, l'imprévisible Picabia semble avoir toujours reconnu l’importance du rôle de sa femme auprès de lui. Ils ont été mariés de 1909 à 1919, et sont restés amis proches jusqu’à la mort du peintre. Mais elle n’a pas été que son psy domestique et son infirmière. Loin de là. Elle était aussi son agent artistique, organisant expositions, voyages, contacts. Et surtout l’instigatrice de ses recherches d’abstraction avant-gardistes, suiveuse et complice de ses excentricités quand elle pressentait qu’elles déboucheraient sur une œuvre picturale ou poétique.


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