A mon tour de poser ça ici...
Ce hashtag n'a pas pu vous échapper.
Il y a aussi #balancetonporc qui tourne pas mal et qui aurait tout aussi bien servir comme titre.
J'ai longuement hésité avant de rédiger ce billet et de parler de ce qu'il s'est passé dans ma vie professionnelle.
A mes débuts d'assistante de direction.
Je ne dirais ni où je travaillais ni avec qui.
Personne ne sera mentionner. Je tiens à le préciser car j'ai toujours eu peur de cette personne.
Et c'est encore le cas aujourd'hui même 6 ans après.
Peu de personnes sont au courant de cette histoire, mon homme l'est depuis le début.
J'ai trouvé mon premier poste d'assistante de direction en juillet 2009, après 2 entretiens.
Je ne me suis pas méfiée car sur le coup, il n'y avait pas de raisons spéciales.
C'étaient deux hommes pour les entretiens. L'un très sympa, l'autre un peu plus froid mais cru.
J'ai donc été prise à cet endroit. Lieu que je chérissais vraiment beaucoup car je l'adorais.
J'aimais le cadre de travail, sa localisation et les tâches diverses confiées.
Mon premier CDD passe sans encombres. Tout le monde est content de moi, les évaluations le montre.
Ensuite, pour mon deuxième CDD, donc deuxième évaluation, les reproches commencent à tomber.
(bien sûr là, seule moi peut le dire car nous n'étions que lui et moi dans son bureau à ces moments là).
Non pas sur mon travail, mais plutôt sur ma tenue vestimentaire...
J'avais alors une collègue que j'aimais beaucoup. Qui s'assumais parfaitement et qui était très belle.
Les décolletés ne la dérangeait pas et après tout, ça lui allait très bien.
Mais moi, les décolletés, je n'aime pas ça sur moi.
Je me trouve très vulgaire avec. Puis, avec ma poitrine c'est encore pire.
Mais cet homme, à partir de cette évaluation, m'a souvent reprochée de ne pas porter assez de décolletés.
De ne pas mettre de jupe trop courtes, ou encore des hauts transparents ou des pantalons taille basse.
Non, je ne suis pas comme ça moi. Moins on me remarque mieux je me porte.
" Regardez, L. elle a tout compris, elle sait comment elle y arrivera, elle sait comment se faire jolie "
Mais je ne pense pas qu'elle s'habillait comme ça pour " y arriver " mais seulement parce que ça lui plaisait.
" Puis avec vos jolies fesses et votre poitrine vous y arriverez encore plus "....
Ces propos m'ont totalement déroutés... Mais je ne savais ni comment réagir, ni quoi dire à cela.
Mon premier poste, un deuxième CDD, j'avais 21 ans.
C'est homme, je ne l'ai pas écouté. J'ai continué sur ma trajectoire et ma façon de travailler, qui jusque là n'avait aucun reproche.
Puis je suis tombée enceinte. Quelle belle nouvelle pour moi, pour mes collègues, pour mes autres supérieurs, pour SA femme, la directrice adjointe.
Et là, lorsque j'ai du lui annoncer, j'y suis allée la boule au ventre.
Premier propos: " Savez-vous qui est le père? ", " à votre âge, vous devez avoir des plans cul réguliers "...
Deuxième propos: " bon bah ça risque de devenir compliqué pour vous et votre carrière, car on sait ce que vaut une femme enceinte ".
Manque de bol pour lui, nous étions deux à attendre un bébé à ce moment là.
Cet homme, c'est la misogynie incarnée. Il se serre des femmes, même très très jeunes (étudiantes) pour les mettre dans son lit.
Il a bien compris qu'il n'arriverait à rien avec moi, surtout depuis l'annonce de cette grossesse.
Donc là, c'est allé de mal en pis comme on dit...
Des reproches constants, des remarques à tout va, des pics sur la grossesse et j'en passe.
Je tiens à dire qu'il avait lui même un enfant.
A partir de début décembre 2010, année où la N118 (pour ceux qui connaissent) avait dû fermer à cause de la neige,
J'ai été mise en arrêt car j'avais une grippe. Arrêt de 2 semaines. Du coup, repos la première semaine, le 8 décembre nouvelle échographie.
Confirmation du sexe, je suis aux anges, c'est une petite fille ♥
Des mails pros à gogo, des appels de sa part à gogo, du coup je suis allée bosser la boule au ventre et la gerbe au bord des lèvres la deuxième semaine.
Le jeudi, il me dit " heureusement que vous êtes revenue sinon, votre CDD je l'aurais arrêté et j'aurais bousillé votre carrière dans la fonction publique ".
OK... toujours en panique et sur le cul, que répondre à ça à part lui dire que j'étais clouée au lit avec 40 de fièvre et enceinte de 5 mois.
Il me demande d'arriver le lendemain à 8h30 tapant au boulot, pas de soucis.
Le lendemain, vendredi, symposium organisée avec une très grande école nationale.
Il neige comme jamais ce soir là.
Du coup, je prévois mon réveil à 4h30 pour être sûre de ne pas être en retard et ne pas être dans les bouchons à cause du temps.
Je travaillais à 20km de chez moi, soit 30 minutes de route hors bouchon et 1h30 avec, donc en fait chaque jour je partais 1h30 voire 2h en avance.
Ce jour là, je me prépare, je pars à 5h30, j'arrive à boulot à 8h25. OUF!
Bon lui n'est pas là.
Je reste debout 10 minutes et là, le trou noir.
J'ai fait un malaise. La grippe, la fatigue, la grossesse, tout ça cumulé, mon corps ne tient plus.
Je reprend connaissance dans une chaise roulante et les pompiers autour de moi.
Première phrase que je sors à sa femme " il va me tuer, il va arrêter mon contrat et me rabaisser auprès de tous "!!
Sa femme, adorable cette femme d'ailleurs, me dit " on n'en a rien à foutre de ce type "! MERCI ♥
Direction l'hosto, examen ok tout va bien pour bébé, je peux rentrer. Ce sont les vacances de Noël.
Repos +++
Retour au bureau. Pas un mot du bonhomme, pas un bonjour, pas un " bonne année Laetitia " NADA.
Tant mieux j'ai envie de dire, car le stress qu'il me procure depuis des mois n'est plus vivable.
Un matin, je me lève en panique, sentant que quelque chose ne va pas. Tant pis, je ne vais pas bosser.
Je vais aux urgences maternité. le verdict tombe. J'ai des contractions, des mauvaises contractions, mon col est à 2.
On me demande si je fais de la route, si je suis stressée au boulot. La réponse est oui 3h de route par jour, et le stress? Ohhhhhhhhhhhhh que oui!
En arrêt avec alitement total jusqu'à la fin de ma grossesse.
C'est dit! Et de nouveau, mails et appels à gogo du bonhomme.
J'essaie de travailler à domicile mais sans mes dossiers rien, impossible.
J'enchaîne mon congé maternité avec mes derniers congés qu'il me reste à solder.
Je suis de retour au bureau lorsque ma fille à 4 mois.
Enfin, au bureau... lorsque je suis arrivée, prête à reprendre mon poste, un sac à main y est posé.
Il avait ouvert mon poste durant mon congé maternité en le disant vacant, alors qu'il ne l'était pas.
Pour celles et ceux connaissant la fonction publique ou les RH comprennent de quoi je parle.
On m'a donc foutu à faire des photocopies toute la journée, à me rabaisser comme une pauvre merde.
Comme quoi, je ne servait à rien, j'étais nulle, j'étais une grosse déception pour lui.
Ces propos venaient aussi de ma chère collègue que j'aimais tant auparavant.
J'ai démissionné et j'ai trouvé un nouveau poste.
D'ailleurs, là bas, il était bien connu pour ces agissements dégueulasses.
Il m'a brisée, littéralement. Professionnellement surtout, mais aussi mentalement.
J'ai mis énormément de temps à m'en remettre, encore aujourd'hui il m'en reste des miettes.
Quand j'ai peur d'avoir mal fait les choses au bureau, je peux me mettre dans tous mes états.
Aujourd'hui j'essaie de mieux me gérer à ce niveau là. Et ça va mieux.
Faut dire que j'ai une directrice au top (avec moi, comprendra qui voudra) et que j'aime beaucoup.
Les critiques? Je les prends avec plaisir, c'est bien ça qui nous fait avancer au boulot!
Mais ses mots à cet homme, cet " harcèlement sexuel " que j'ai ressenti, après ça n'en est peut être pas mais c'est mon ressenti,
Avec ses propos sur ma tenue vestimentaire, mon corps et j'en passe car je n'arrive pas à tout dire ici, c'est plus fort que moi, resteront ancrés en moi.
Toujours.
#metoo #balancetonporc
Désolée pour le roman...Comments
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