Pierre Voélin | Le nom des pluies

Publié le 19 octobre 2017 par Angèle Paoli

LE NOM DES PLUIES J' aurai suivi toute bête Pierre Voélin, " Lents passage de l'ombre ", 1 in
et la chevêche s'éveille orpheline
Apprenant les traces et le patois nocturne
comme une gerbe s'enroulent les prières
Un pli de la terre retient les chants
d'oiseaux inclassables
Un feu et l'herbe luit - impardonnée
L'amour guetté comme un gerfaut
à l'étroit dans son vêtement de terre
Tel un songe - des buissons en flammes
l'invisible maison à l'éclat de sève
et le deuil et l'ardente épine
À se perdre dans le souffle il est seul
hôte patient avec sa blouse de feuilles
Sa demeure n'est qu'un arbre
Il va ramassant l'écorce
toutes les clefs de la pluie à la bouche
Je vois tomber ses mains blanches
Personne ne pleure pas un cri
rien que les copeaux du temps
le vin tiré la table des bûcherons
Le sang lointain tache la roue d'un paon
[...]
Aimant les tendres pluies dans le sommeil
qui ferment leurs poings d'enfant
Je suis sans voix
sans rêves au trébuchet des nuits
et la hulotte sur les forêts voisines
vient secouer son hochet de sang
Au versant des collines les passereaux
- voyageurs éduqués par le chant
Ses yeux clos sous la paupière de neige
Un homme récite l'interminable deuil
La nuit découpe les lisières
Sur la mort brève, Fata Morgana, 2017, pp. 21-24. Dessins de Gérard Titus-Carmel.

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Le 13 novembre 2017, à Lausanne, la Fondation Pierrette Micheloud remettra son Grand Prix de Poésie 2017 à Pierre Voélin, pour l'ensemble de son œuvre.