Roger de Laron, va petit à petit se soustraire des yeux de la compagnie de hommes de son temps...
Et pourtant, Roger de Laron, va trouver une épouse... Une jeune femme, qui vient d'Angleterre et de la lignée des Lusignan, que nous connaissons sous le nom de ''Dame Margot''. Je vous raconterai son histoire ''vraie'', un peu plus tard ...
L'histoire ci-dessous a été construite bien après la guerre en Terre Sainte, après les voyages de Roger, son séjour en Angleterre, après son mariage avec Dame Margot qui dure sept ans... Après que Roger de Laron, se soit terré dans son château...
C'est une histoire assez incroyable, et représentative des croyances de cette époque …
Ce récit, bien sûr, n'est qu'une parodie, et l'auteur médiéval, s'amuse avec les légendes entendues autour de lui, et reprises dans des versions imprimées comme par exemple '' Le livre de Baudouin de Flandre '', roman en prose du XVe siècle, qui est à la fois un roman historique, et un roman d'aventures merveilleuse et surnaturelles ; ou le roman en vers ' Richard sans Peur ' qui se présente sous la forme d’une suite d’aventures fantastiques... Le mariage de Roger de Laron avec un ''démon''.Roger après une vie aventureuse, souffre de solitude; et, précisément, ses gens, lui reprochent de ne point avoir pris femme, et laisser ses terres sans héritier...C'est ainsi, que Brundemor attend que la nuit vienne avant de se mettre en campagne, car il sait que Roger chevauche au milieu des ténèbres, comme en plein jour, à la recherche de quelque aventure.Brundemor va donc choisir l’arbre le plus apparent et le plus élevé de la forêt, et, se nichant entre deux branches après avoir revêtu la forme d'une jolie jeune femme, il se met à pleurer et à crier de manière à attirer l’attention.Lorsque le seigneur de Laron vient à passer, il est intrigué par ces appels à l'aide. Sans plus tarder, il descend de cheval, ôte ses éperons, et, guidé par la voix, monte jusqu’au plus haut de l’arbre. Ayant trouvé la jeune femme, il la prend, si nue qu'il l'enveloppe de son manteau et la prie de s'agripper à lui, puis se laisse glisser de branche en branche jusqu’à terre et la dépose sur son cheval.Ils s'en retournent tous deux, au château...Roger de Laron est bien loin de soupçonner la tromperie de l’ennemi, car la beauté de sa jeune protégée, qui pourrait être une fée, s’est insinuée dans son cœur.
À cette époque, tous les gens qui dépendent de cette seigneurie prennent ensemble la résolution d’aller trouver leur seigneur. Ils veulent lui représenter que leur bien, et la sécurité des temps futurs exigent qu’il prenne pour épouse une noble dame qui lui donne des héritiers appelés à lui succéder sur ses terres. Lorsque Roger entend la requête de ses gens, il dit qu’il est prêt à faire ce qu’on demande de lui.
- « Apprenez, cependant, ajoute-t-il, que j’ai ici une jeune fille, et que je ne pourrai jamais trouver une épouse qui soit plus belle ou plus à mon gré ; c’est elle que je désire prendre pour femme. »
Roger de Laron, avec les richesses qui ne lui manquaient pas, s'était offert un prieuré avec quelques frères et un chapelain installé en bas du château le long de la Maulde. Pour en avoir l'autorisation, il dût recevoir l'évêque de Limoges et lui prêter hommage …
C'est ainsi, avec toutes les autorisations, que le chapelain, bénit le mariage de Roger de Laron avec '' le diable '' !
Sept ans se passèrent encore, Roger vécut en tel attachement avec le diable qui était devenu sa femme, que s’il eût épousé la plus gracieuse dame qui vivaient à cette époque. Les sept ans accomplis, le diable-femme conçoit de faire la mourante et fait mander le seigneur auprès d'elle :
- « Sire, dit-elle d’une voix dolente, je me sens bien malade, et je crois que je vais mourir ; c’est pourquoi je vous supplie, par votre merci, de m’octroyer la demande que je vais vous faire.
– Parlez, répond le chevalier, et j’emploierai tout mon pouvoir à vous complaire.
– Sire, reprend alors la fausse épouse, je désirerais être enterrée dans une chapelle qui est située au milieu de la forêt dans laquelle vous m'avez trouvée, et que vous y veilliez pendant une nuit allongé auprès de moi, et de mon cercueil.
– Dame, s’il faut que j’aie la douleur de vous voir trépasser, j’accéderai à votre vœu, et laissez-moi amener mon ami pour me servir de compagnon et nous veiller. »
Roger ayant affirmé de nouveau à sa femme qu’il tiendrait la promesse qu’elle avait exigée, alors cette malicieuse créature se prend à contrefaire la morte ; et Roger, la croyant vraiment trépassée, ordonne qu’elle soit portée, dès le soir même, dans la chapelle de la forêt.
Dès que le corps est déposé dans la chapelle, où brillent maints cierges et luminaires, Roger, pour accomplir sa promesse, s'allonge auprès de la morte, séparés par son épée, et tous deux veillés d'un seul chevalier.
Mais, vers minuit, Roger est pris de sommeil. À peine est-il endormi qu'un cri terrible retentit dans toute la forêt. Roger, sans peur, se redresse, se saisit de son épée, et la pose sur ses genoux. Aussitôt le corps - près de lui - de ricaner :
« Hé quoi ! chevalier, on parle de vous en tout pays pour votre hardiesse, on dit que jamais vous n’eûtes peur d’aucune personne vivante ; et voilà que, pour une femme morte, toute votre chair a frémi.
– Par ma foi ! reprend vivement Roger, vous faussez la vérité... Mais, n’étiez-vous pas morte quand on vous a mise aujourd’hui dans le cercueil ?
– Non, j’étais seulement pâmée par une violente soif qui m’a prise dans la vesprée, et, s’il est vrai que vous m’ayez jamais aimée d’amour, faites ce dont je vais vous prier. À l’issue de cette forêt, il y a une plaine où se trouve une fontaine, ombragée par un grand arbre ; les bergers ont laissé là une coupe avant-hier ; servez-vous-en pour puiser de l’eau, et venez me l’apporter. Mieulx ne me pourrait ma santé avancer. »
Roger obéit à l’instant ; mais c'est folle idée de sa part, car, pendant son absence, le corps se lève et va étrangler le chevalier, qui jette un si fort cri que Roger l’entend et en est tout en émoi. Alors, il se hâte de revenir sur ses pas... En arrivant dans la chapelle, il ne trouve plus ni feu ni lumière ; il s’en va droit au cercueil, mais le malicieux démon s’était déjà enfui. Il trouve son chevalier mort...
Roger, alors, veille jusqu’au jour le corps de son chevalier, qu’il dépose dans la bière vide.
Quand vint l’heure de prime, le clergé arrive à la chapelle pour chanter le service de la morte. Roger s’avance à leur rencontre et conte devant tous sa triste aventure.
Le Chapelain tente de réconforter son seigneur : - « Sire, n’ayez frayeur ni doute ; nous savons que l’ennemi a le pouvoir de tenter nuit et jour les chrétiens. »
– Ah ! reprit Roger, je suis tellement déçu que je fais vœu de ne point reprendre femme en mon lit, avant sept ans et plus. »
Et, pour tenir sa promesse, le seigneur de Laron, après avoir fait enterrer très pompeusement son chevalier, se renferme en son château... Il donne congé à toute sa gent, ne gardant avec lui que son queux, son sergent et son économe.
- Illustrations tirées de la BD: ''Complainte des Landes perdues''