Des choses et d’autres…

Publié le 29 octobre 2017 par Legraoully @LeGraoullyOff

Et voilà, Outre Pyrénées, LE mot est… Non, pardon, LES mots sont lâchés ! Quels mots ? Et bien le mot « indépendance » côté Catalogne et les mots « mise sous tutelle » côté Espagne. Cette situation est authentiquement tragique. J’ai bien dit « tragique », je n’ai pas dit « dramatique ». La différence ? Et bien dans le drame, il y a une partie qui a raison et une qui a tort, tandis que dans la tragédie, les deux parties ont raison : ainsi, dans un drame comme Ruy Blas, on peut clairement identifier Don Salluste comme l’incarnation du mal, tandis que dans une tragédie comme Antigone, la jeune fille a raison mais Créon n’a pas tort. La situation catalane est donc tragique parce que, d’un côté, la Catalogne a raison de revendiquer sa spécificité, mais, d’un autre côté, l’Etat espagnol n’a pas tort de chercher à préserver son unité : la Catalogne fait partie du royaume d’Espagne depuis trois siècles… Et moi, qu’est-ce que j’en pense ? Et bien je ne sais pas : d’un côté, je ne peux pas m’empêcher de défendre le petit contre le gros, le fort contre le faible, d’autant que j’ai été, comme vous tous, fortement marqué par les scènes de répression disproportionnée dont le referendum avait fait l’objet ; mais d’un autre côté, quand je vois toutes ces revendications identitaires refleurir un peu partout, je me dis que les soutenir serait trahir mon rêve d’un monde sans frontières, sans patries, sans rien au nom de quoi tuer ou mourir… Vous avez reconnu les paroles d’Imagine en français ? Si vous avez la version espagnole ou catalane, faites-moi signe… En tout cas, j’espère que ce qui arrive en Catalogne n’arrivera jamais en Bretagne : je ne pourrai jamais choisir mon camp !

J’avais trouvé sur YouTube une chaîne qui proposait des extraits des « Arènes de l’info », la première émission des Guignols de Canal+ , diffusée entre 1988 et 1990, sorte de « brouillon » du fameux JT qui allait faire la réputation des marionnettes : ne cherchez plus, le compte a été clôturé pour cause de non-respect des règles concernant les droits d’auteur. J’avais ensuite trouvé , sur le même site, une autre chaîne qui proposait la série animée « Iznogoud » qui, contrairement au film de Patrick Bradoué, est très drôle : ne cherchez pas non plus, ce compte-là aussi a été clôturé pour les mêmes raisons. C’est quand même bizarre, quand on y pense vraiment, ces règles : si ces vidéos avaient été vendues confidentiellement, sous le manteau, à un prix prohibitif, au lieu d’être mises gratuitement à l’accès du public, il n’y aurait pas eu de réaction de l’autorité compétente : pas vu, pas pris, comme on dit. Mais surtout, ce qui me pique un peu les yeux, c’est qu’il soit considéré comme un délit de diffuser des archives que Canal n’exploite plus ou des dessins animés qui ne passent plus à la télé. Qu’on cherche à protéger le travail d’un artiste, pourquoi pas, mais sincèrement, qui peut croire que le groupe Bolloré peut être lésé par la diffusion de vidéos qui ne l’intéressent même pas ? En fait, la législation sur le doit d’auteur n’empêche absolument pas les artistes d’être pillés mais permet aux grosses boîtes qui s’arrogent, légitimement ou pas, la propriété d’une oeuvre, d’en bloquer arbitrairement la diffusion, de même que, de façon générale, la notion de propriété privée permet aux riches de jeter des tonnes de nourriture à la poubelle sous les yeux des crève-la-faim… Bref, nous avons obtenu l’égalité en droit sans que celle-ci vienne entériner une égalité de fait, de sorte que l’égalité en droit permet surtout aux riches, parce qu’ils ont pour défendre leurs droits des moyens que les pauvres n’ont pas, de maintenir l’inégalité de fait…