Oui, bon, d’accord, j’extrapole un tantinet... Mais un titre comme « j’ai testé Anaïs face à l’objectif », ça en jette moins, non ? ça fait beaucoup moins star au milieu des paparazzi, non ? Enfin, je ne sais pas... Ok ok, je ne suis pas une star. Et puis y’avait aucun paparazzi, je l’avoue.
On recommence.
« J’ai testé Anaïs face à l’objectif. »
Dans mon home sweet home tout rangé, ou presque. Accessible, en tout cas, et c’est déjà miraculeux, croyez-le.
La photographe arrive donc, un grand sourire aux lèvres, aussi équipée qu’une cuisine dernier cri. Elle sort immédiatement un appareil énorme, à l’objectif encore plus énorme. Intimidant. Stressant. Paralysant.
Tout qui a déjà tenté de me photographier sait que je déteste ça. Presque autant que lorsqu’un me touche les pieds ou les orteils. Presque. Là, je frappe violemment. Pas quand on me prend en photo, quoique... A force d’avoir vu, depuis tant et tant d’années, d’immondes photos de moi à tous les âges, dont l’ingrat, je suis devenue allergique aux photos. Totalement allergique.
Mais là, je vais jouer le jeu. Je le dois. Smile. Cheese. Prends la pose. Pense à autre chose (chacun fait fait fait c’qui lui plait plait plait... vous connaissez la chanson).
Miss météo annonçait une drache nationale, mais comme plus rien ne va en ce bas monde, surtout en matière d’alternance de passages nuageux et d’éclaircies, le soleil est de la partie, ce qui fait que nous allons immédiatement sur ma terrasse, histoire de profiter d’une luminosité inégalable.
Nous traversons donc rapidement mon living bien rangé. Tout ça pour ça. J’aurais pu tout aussi bien creuser une tranchée au milieu des piles de livres, de Flair, de factures et de vaisselle poilue. Cela aurait suffi. Mais ne gâchons pas le plaisir. Je suis ravie d’évoluer depuis quelques jours dans un intérieur à la décoration plus proche de Gaël Maison (avec beaucoup d’imagination) que de Zone Sinistrée Mag’ (sans imagination aucune).
Une fois dehors, le véritable travail commence. Accessoire du jour : mon portable chéri que j’aime et qui partage ma vie depuis plus d’un an déjà. Qui va se faire photographier sous toutes les coutures, en ma compagnie. Oups. Il est crade mon portable. Plein de traces de mes grosses mains pleines de doigts sur l’écran, plein d’éclaboussures d’Ice tea (à moins qu’il ne s’agisse de cécémel ? ou encore de coke light ?), plein de crasses indéfinissables et puis plein de poussière poussiéreuse. Voilà. Ma vie s’écroule. Ma réputation en prend un coup. Je n’ai pas poussé mon opération « fée du logis » jusqu’à rendre à mon portable un air décent. Vite vite une loque, vite vite frotti frotta, vite vite lui rendre figure humaine, enfin figure ordinateur.
Ensuite, le véritable travail commence (bis). Prends la pose Anaïs. Baisse la tête. Pas autant. Remonte un peu. Mais non. Redescends. Rentre le vente et redresse les épaules (là c’est moi qui me conditionne). Et souris. Mais souris. Souris, par pitié. Ben quoi, je souris. Tu souris, là, à l’instant ? Ben oui. J’en peux rien, moi, si mon sourire est grimaçant.
Nous décidons ensuite d’aller faire quelques photos en extérieur. Le véritable extérieur, savoir à l’extérieur de chez moi, là oùsque la foule en délire se promène et là oùsque les passants passent. Heureusement, y’a quasi personne, examens et travail obligent, ouf.
Mais auparavant, je dois me changer. Paraît que le noir, c’est triste en photo. Mais le noir ça amincit ma bonne Dame. Voilà pourquoi j’ai opté pour le noir. Bon. Soit. Va pour le rose, le mauve, le vert et le bariolé. Je fonce dans ma chambre chercher quelques fringues, en vitesse, retournant tout sur mon passage, tirant un petit pull en faisant s’effondrer trois piles d’autres pulls, cherchant un top en jetant violemment quinze tops sur mon lit, trouvant un gilet après avoir fait dégringoler trente autres gilets. Mon rangement des jours qui précèdent est maintenant anéanti par trois tonnes de vêtements. Qu’importe. Je rangerai l’an prochain.
Je fourre tout dans un sac, et direction la Meuse, pour les cascades. Ah si, je le dis et le maintiens : les cascades. Passque s’asseoir au bord de l’eau, un portable sur les genoux, c’est une cascade. Et avancer dangereusement jusqu’au bout d’une rambarde de cinquante centimètres de large, maculée de fientes de canards, canards qui me regardent d’ailleurs d’un air à la foi angoissé et sur la défensive, un portable dans les bras, c’est une cascade. Et s’installer sur le rebord d’une Namourette, toujours un portable sur les genoux, c’est encore une cascade ça tangue, ça bouge, ça donne un mal de mer incroyable. Et ça m’amuse. Comme une petite folle. La photographe est sympa. Et puis belle. Et mince. Et drôle. Et parfaite. C’est pas juste, autour de moi, au bureau, dans ma vie, partout, ne gravitent que des top biches. Je suis pour le clonage, et que toutes les femmes aient la même tête. Et les hommes aussi. Ou à la rigueur, trois choix : Claudia Chou-Fleur, Laetitia Casse-noix. Linda Evangile. Prat Bit. Patrick Dansez (alias Docteur Mamour). Tom Croisière.
Bon, je m’égare.
Je change de fringues à plusieurs reprises. Un véritable mini défilé. Tout cela devient follement amusant. Quelques rares passants passent, sans trop s’inquiéter de cette namuroise qui se balade avec un sac de fringues, un PC portable et une photographe. Nous croisons un autre photographe qui immortalise Namur. L’ambiance se détend. Nous rions beaucoup. Enfin je ris beaucoup. Bêtement. De moi. De mon attitude. De mon gras. Et du fait que je n’aime pas être photographiée. « Tout le monde dit ça », me répond-elle. « Oui mais moi, c’est vrai ». « Tout le monde dit ça aussi », ajoute-t-elle. Rires. Soit. « Je n’aime vraiment pas ça, je ne suis pas photogénique ». « Tout le monde dit également ça », conclut-elle.
Elle veut ensuite immortaliser mon décolleté, et nous voilà en train de débattre des vertus des poitrines menues ou fournies. Discussion de filles par excellence. Enchaînons sur Sex & the City, tant qu’à rester dans le glamour et dans les discussions de filles.
La séance se poursuit. Les poses se poursuivent. Et se terminent. Le soleil est toujours là, fidèle compagnon de ces quelques heures bien amusantes, somme toute.
Ça restera un chouette souvenir. Un très très chouette souvenir. Un souvenir à l’accent italien. Grazie mille.
Finalement, j’aime bien être prise en photo. Enfin un peu. Enfin parfois.