Je
connais quelqu'un qui éprouve un tel amour de Dieu, tout en s'affligeant de ne
pas l'aimer comme il le voudrait, que sans cesse son âme est possédée par un
ardent désir de voir Dieu glorifié en lui, et lui-même traité comme rien. Un
tel homme ignore ce qu'il est, même au milieu des louanges, car, dans son grand
désir d'abaissement, il ne songe pas à sa propre dignité ; il s'acquitte du
service de Dieu selon que la loi le prescrit aux prêtres, mais dans sa grande
disposition à aimer Dieu, il perd, dans la profondeur de son amour pour Dieu,
le souvenir de sa propre dignité, en cachant, dans un esprit d'humilité, la
gloire qui pourrait en rejaillir, afin de ne paraître, en tout temps, à ses
propres yeux, que comme un serviteur inutile, rendu comme étranger à sa propre
dignité par son désir d'abaissement. Nous aussi, nous devons agir de même et
fuir tout honneur et toute gloire, à cause de la richesse surabondante de
l'amour du Seigneur qui nous a tant aimés.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos ascétiques.
Cent chapitres.