Magazine Journal intime

Bébé Samourai va à l'école

Publié le 31 octobre 2017 par Indiansamourai

Quelle affaire, envoyer son bébé (oui son bébé) à l’école dans les mégalopoles indiennes…

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Depuis que mon fils a passé la barre fatidique (semble-t-il) des 15 mois, c’est la première question que l’on me pose : « alors, il va à l’école ?? ». Ceci-dit, il se peut que cette obsession de la scolarisation soit spécifique à mon environnement résidentiel, parce qu’il semblerait qu’en Inde, tel que le souligne la fondatrice d’une chaîne de crèches, les parents rechignent à scolariser leurs enfants avant 3 ans. Pendant cette trinité d’années, l’enfant est considéré comme un prolongement de ses parents, un petit animal qu’il faut nourrir, changer et endormir – on couvre ses besoins primaires, sans lui prêter de personnalité propre, et on ne s’inquiète pas trop de son ‘développement’. Il faut dire qu’avec les familles à rallonge, la question de la ‘socialisation’ des gosses ne devait pas trop se poser. Cette chef d’entreprise s’est donc investie d’une mission : expliquer aux parents indiens (surtout ceux qui bossent et ceux qui vivent des familles plus petites) les concepts de socialisation etc. Apparemment son prêche a reçu une oreille bien attentive là où je vis, avec tous ces richards exposés à la culture occidentale, qui te regardent comme un monstre si tu ne mets pas ton petit à la crèche.

Sauf que je me permets de remettre les choses dans le contexte. En France par exemple, la

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crèche est rarement un choix mais une exigence due à l’activité professionnelle des deux parents et des grand-parents qui comptent bien profiter de leur retraite et non remettre le couvert à temps plein. Partant de là, on peut trouver des avantages à la crèche évidemment, mais le petit-d’homme ne sait pas jouer avec les autres enfants jusqu’à au moins 2 ans, voire plus tard. Avant ça il se construit son individualité et n’a pas de place pour ce genre d’interactions. Je n’avais rien lu au préalable, ne me fiant qu’à mes intuitions mais la littérature résume bien mon état de pensée. Et moi, ayant dégoté une super nounou, une super maison avec un parc équipé pour enfants au bout de notre jardin, je ne voyais pas le besoin d’imposer des trajets en voiture (et des bouchons) et une scolarité précoce à mon garçon. Et les considérations pécuniaires n’entraient même pas en ligne de compte dans cette décision, mais elles auraient pu, à presque minimum 2000 euros l’année dans une ‘bonne’ crèche… Je pris donc le risque de passer pour une mère indigne.

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Ceci-dit, je suis suffisamment ouverte aux suggestions et capable de me remettre en question, et j’ai donc essayé les programmes « mère-enfant » des crèches locales quand mon fils avait 15 mois. J’ai aussi emmené ma nounou. Au bout de 3 heures, dans les deux centres où j’ai tenté l’expérience, nous sommes parties en prenant nos jambes à notre cou. Je m’étais attendue à des jeux et du fun. Je suis tombée dans un enfer de bruit ; c’est fou comme ils arrivaient à en faire ces instituteurs. Et que je chante et que je parle, on enchaîne les activités à une vitesse infernale, pas un moment d’inattention autorisé aux enfants : regarde par ici, ‘P pour parapluie’. Ils m’ont dégoutée. Et m’ont confortée dans ma mauvaise opinion des écoles indiennes qui poussent au développement et à l’apprentissage scolaire à un niveau exacerbé. Mon bébé attendra bien 18 ans avant d’aller en cours ! (Ou au moins 3 ans ;) )

Ma voisine, que j’aurais bien aimé prendre en exemple et à laquelle je demandai des conseils pendant notre installation, est tombée bien bas dans mon estime pour avoir insisté autant à ce que je le mette dans une de ces écoles où sa fille va, pauvre gamine.

Sauf que. Ma nounou a commencé à faire des siennes. Sachant très bien que j’aurais un mal de chien à trouver une perle comme elle, j’ai préféré regarder des options d’école plus tôt que prévu. J’en ai sélectionné 4. Une suédoise – que j’ai dû barrer de ma liste parce qu’ils ne prennent pas avant 3 ans et demi (en fait presque 4 ans et demi pour mon fiston, vu que les enfants doivent avoir 30 mois en avril et pas une semaine de moins), une entre chez moi et le bureau et 2 Montessori. Montessori c’était sur les conseils d’une copine. Mais attention, à Gurgaon, presque toutes les écoles sont des ‘International Montessori Schools’ – même si elles sont tout ce qu’il y a de plus indien et n’adoptent que certains principes Montessori. Bref, le site de la fondation Montessori m’a fourni le nom des deux seules écoles 'accréditées' à Gurgaon (pas une seule à Delhi !). Voilà.

Nous avions d’abord rendez-vous entre une école « normale », que nous devions visiter en-dehors des heures de classe, avec un chéquier (la visite est payante et puis les places sont chères, alors si on aime vaut mieux s’inscrire sur le champ, enfin elle dit ça elle dit rien la secrétaire) et un questionnaire complètement alambiqué – la question « les enfants adorent faire plaisir à leurs parents ; pouvez-vous nous donner un exemple ? » m’avait laissée pantoise et c’est mon mari qui avait trouvé une réponse… Entendons-nous, mon fils est génial, mais je dois bien avouer que jusqu’à ses deux ans (et encore la plupart du temps maintenant), mon bien-être il s’en moque comme d’une guigne : « maman fais ci, maman fais pas ça »….

Et tout de suite après nous devions aller voir l’école Montessori qui avait répondu à mon mail. Le nom n'augurait rien de bon, dans ma perspective (ProductiveMinds) mais restons ouvert d'esprit...

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Notre premier rendez-vous a été annulé. Un acte manqué. Et pour cause ! Je n’avais pas plus tôt passé le portillon de la deuxième école que je savais que notre quête s’arrêterait là. Pas de salles de classe, les enfants de tous âge sont ensemble. Chacun vaque à ses activités, en silence (pas de ‘maître’ qui s’égosille sur Petit Papa Noel en plein mois de juillet). Un jardin où les allées et venues sont autorisées librement, avec même un potager. Pas d’uniforme. Et des horaires flexibles. Vendu !! Sans parler, petit bonus, des bienfaits scolaires de cet enseignement pour les enfants… Cette école me rend presque contente de vivre à Gurgaon, et c'est pas rien !

Depuis, la nounou est revenue à de meilleurs sentiments et Bébé Samourai a commencé l’é

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cole à 2 ans et 9 mois. Et tout s’est très bien passé ! J’ai même eu droit à rester dans la classe plusieurs jours pour une adaptation en douceur (la mienne, je tiens à préciser, mon fils s’étant accoutumé très vite).

Tout ça me laisse donc au moins 2 ans de répit, avant de devoir mon plonger dans la sélection de l’école suivante, ce qui n’est pas tâche facile. Il y a par exemple les curriculums indien et britannique. Ensuite il faut être pris et prêt à payer des sommes astronomiques. L’éducation, comme la santé, sont des business en Inde. Et des business pas très propres si on en croit cette étude sur la corruption. Et si on n’y croit pas, il faut voir ce film, Hindi Medium, basé sur des faits réels et qui met en scène une famille de riches aux origines modestes qui se font refuser l’entrée aux écoles et se font passer pour pauvres pour intégrer les quotas. Super drôle mais franchement un peu dérangeant aussi…

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Parce qu’au-delà de la question financière, il y a cette pression sur les gosses, cette course à la performance, être le meilleur en classe parce qu’ils sont des millions (oui des millions, cette classe moyenne et en-dessous qui aspire à se sortir de la merde grâce à l’éducation de ses rejetons) derrière à vouloir te piquer ta place – mais quelle place d’abord ? Le bonheur sacrifié à l’autel de la réussite financière et sociale. Le tout sans négliger les activités extra-scolaires. Et ils dorment quand ces gosses ? Ils jouent quand ? Et quand est-ce qu’ils passent du temps avec leurs parents ? En tout cas je ne vois pratiquement jamais ni mère ni père au parc…

Et puis après il y a tous ces pauvres gosses (84 millions d'après le recensement de 2011) qui n’ont pas accès à l’école pour des raisons de coût et ou de logistique…


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