L'invention du voyage d'Anne Bécel

Publié le 15 novembre 2017 par Aniouchka

La géographe Anne Bécel interroge l'essence du voyage dans ce recueil d'entretiens avec des voyageurs et des penseurs d'aujourd'hui. Une ode à la poésie et à la richesse de l'évasion.



Quatrième de couverture : Voyager sans se déplacer... Telle est l'ambition folle de cet antimanuel, ce guide pour nulle part et cependant partout. Comment retrouver, sans bouger, "l'état" du voyageur ? Cette énergie nomade qui habite tout sédentaire ? A travers leurs expériences, leurs histoires et leurs réflexions, quelques grands vagabonds, poètes, sociologues et artistes disent l'audace de se perdre, la lecture comme départ, l'imagination comme monture. Autour de soi-même ou des autres, le voyageur immobile sentira là souffler, sans quitter sa chambre, les vents de l'aventure...
Mon avis : Dès que j'ai vu ce livre, j'ai été attirée par le titre et ce qu'il évoque d'abord, puis par ses contributeurs, Sylvain Tesson et Christian Bobin en premier lieu. A la lecture, j'ai été heureuse de l'avoir choisi, car la démarche d'Anne Bécel est tout à fait passionnante. 
Au détour de 18 entretiens avec des écrivains voyageurs, baroudeurs ou poètes, la géographe tente de dénicher l'essence même du voyage, ce qui fait qu'on a envie d'y retourner dès qu'on en vient, avec l'idée de reproduire cet état d'évasion dans un voyage immobile.
Les 18 écrivains qu'Anne Bécel a interrogés ont chacun une conception différente du voyage. Certains font les louanges de l'idée du voyage immobile, d'autres ne peuvent concevoir de voyager qu'en se déplaçant loin. Tous, par contre, voient dans le voyage, qu'il soit mobile ou immobile, une manière de s'élever et d'acquérir sagesse et grandeur d'âme.
J'ai particulièrement aimé les mots de Sylvain Tesson, en quête de beauté et d'aventure, de Bernard Ollivier et Olivier Bleys, qui vantent les effets thérapeutique de la marche. J'ai aimé aussi les mots de Christian Bobin, en constante contemplation devant son environnement connu, ceux de Bernard Hermann, qui a voyagé depuis sa fenêtre, et enfin l'entretien avec Pierre Rabhi, qui rappelle l'importance de respecter la terre et l'environnement qui nous est familier.
En bref : Ce court recueil se grignote comme une gourmandise, au gré des expériences de ces écrivains voyageurs qui éveillent et élèvent le lecteur. Finalement, c'est peut-être dans la lecture que se trouve l'essence du voyage.
Le livre : L'invention du voyage coordonné par Anne Bécel Editions Pocket (2017), 216 pages Publié initialement aux éditions Le Passeur
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.