LES ORAGEUX (inédit) 3 – Les pères, les patries et les professeurs pisseux de bonne conduite

Publié le 20 novembre 2017 par Yannbourven

Le poète contemporain n'est ni une pleureuse ni un fonctionnaire qui attend impatiemment ses grandes vacances pour écrire. Le poète n'attend que l'Orage, seul et en danger car débarrassé de ses paratonnerres...Ecrivains-voyageurs corrompus perlant bedonnant aux frontières, s'allumant clope sur clope buvant porto à la Kerouac sans le talent, crânant sur les promenades en héritiers pourris, pelotant fausse muses vraies michetonneuses. D'autres frileux, minaudant à l'arrière des cafés, s'essaient en poètes clamant proses défaites, s'inspirant de la chanson réaliste et du hip hop à la française, trop bourges pour être honnêtes, putes à like, un jour vous vous étoufferez dans vos bars à soupe, et ce sera bien fait...Si vous aimez les hommes ne les nourrissez pas...
Je n’ai vu personne, au bout du tunnel, on me dit qu'une foule s'y était massée, happée par la Fin des temps, je n'y ai vu goutte, seulement quelques fringues éparpillées ça et là, une paire de lunettes, un téléphone portable, et une poupée... Où êtes-vous ? Au travail, dans le métro, ou bien vous errez dans les avenues numériques en quête d'amour physique...J'ai fait demi-tour, je ne suis pas un ambitieux, je ne termine pas grand-chose en réalité. Cette réalité : même les défunts n'y croient plus.
L'état des lieux se fera sans les propriétaires, puisque nous les aurons fait disparaître. Il doit bien encore exister une forêt primaire dans un coin de cette foutue planète...Les États tortionnaires qui pullulent en Orient et en Occident s'accrocheront aux dernières branches du souvenir, nous les regarderons se dessécher au soleil...Le combat physique et poétique ne sera pas de tout repos, je n'ai ni peur de la mort ni peur de renaître...
En terrasse, face à la mer, se baffrent sans pudeur des espèces réapparues, nouveaux esclavagistes, groupes d'intérêt en concurrence perpétuelle, spéculant en dansant, le temps n'y comptant presque plus, suspendues au-dessus de la promenade, jugeant puis saignant la classe prolétaire, puis défenestrant le dernier homme résigné, car rien n'a changé depuis 1848, nous ne sommes que des anges au dos brûlé qui n'ont encore rien vu.Ou des esclaves aux ventres recousus...