Épuisée, sans aucun doute… Anéantie de tristesse et d’inquiétude…
Comme par le vent, qui ébouriffe mes cheveux, gonfle mon manteau, me pousse ou me tient debout…
La nuit, qui s’effondre en frissonnant sur les sapins, des fenêtres plus loin, qui s’allument de néons blafards, et d’autres, avec leurs éclairs brefs et colorés qui suggèrent un écran devant lequel quelqu’un s’hypnotise après quelque harassante journée…
Bien emmitouflée dans mes laines j’ai pourtant froid. L’herbe humide garde la trace de mes pas, morne chemin dans ce jour qui s’éteint…
De longues rafales ondulantes repoussent l’espace en m’enveloppant d’un souffle rauque et puissant. Ce vent où c’est moi qui m’engouffre, pour qu’il me balaye comme il le fait de ce tapis automnal, qu’il m’avale, moi toute entière, avec tout ce que je suis et tout ce que je ne voulais pas être. Qu’il me soulève si haut, si loin, que je ne me souvienne plus d’où je viens.
Le vent, brutal, inconstant, parfois si doux mais dans cette brune si glaçant…
Avec lequel la nuit dessine une sarabande d’ombres chinoises virevoltantes en contrebas du petit bois, des troncs sombres et étroits qui se penchent en grinçant, et leurs branches ballotées qui bruissent d’impuissance à l’en empêcher.Un volet rouillé descend péniblement, un chat file sous la lune, trois pas encore sous les étoiles et j’arriverai chez moi, il faut que sous sa gifle je me réveille, qu’à la fin ait un sens ce tourbillon infernal, que fera t’il de nous demain ?…
La lune a posé un châle de brume sur ses épaules, sa douce clarté apprivoise mon imagination, rassure mes angoisses. Le vent ne s’en doute pas, il m’apaise en déferlant, il essuie mes chagrins, éteint mes interrogations et mes tourments… Mon Amour, c’est moi, toujours… Je suis là, écoute le vent, sens comme je te tiens fort dans mes bras… Cette bourrasque là capitulera bien avant moi, je suis là, brindille ou roseau, comme il lui plaira, mais bien là, ce n’est qu’un coup de vent…