Galway Kinnell | Vente aux enchères

Publié le 30 novembre 2017 par Angèle Paoli

AUCTION M y wife lies in another dream. Galway Kinnell, M a femme se repose dans un autre rêve. Galway Kinnell,
The quilt covers her like a hill
of neat farms, or map of the township
that is in heaven, each field and pasture
its own color of sufficiency,
every farm signed in thread
by a bee-angel of those afternoons,
the tracks of her inner wandering.
In this bed spooled out of rock maple plucked
from the slopes above the farm, saints
have lain side by side, grinding their
teeth square through the winter nights,
or tangled together, the swollen
flesh finding among the gigantic
sleep-rags the wet vestibule, jetting
milky spurts into the vessel
as secret as that amethyst glass
glimpsed once overlaid with dust
in the corner of an attic.
When One Has Lived a Long Time Alone, Alfred A. Knopf Inc., New York, NY 10019, 1990, p. 12.

VENTE AUX ENCHÈRES
L'édredon la recouvre, forme une colline
aux fermes proprettes, évoque la carte d'un village
au paradis : chaque champ, chaque pâturage,
est doté de couleurs et de ressources siennes,
chaque ferme signée du fil d'une tisseuse -
ange-abeille de ces après-midi-là -
suit le tracé de ses déambulations intérieures.
Sur ce lit, fruit d'un érable à sucre abattu
sur les pentes en amont de la ferme, des saints
se sont allongés côte à côte, serrant très fort
les dents pendant les nuits d'hiver,
ou enchevêtrés l'un dans l'autre, la chair
tumescente se frayant un chemin parmi d'infinis
lambeaux de sommeil jusqu'au vestibule humide,
faisant jaillir sa giclée lactée dans un vaisseau
aussi mystérieux que ce verre améthyste
aperçu un jour, tout recouvert de poussière,
dans le coin d'un grenier.
Quand on a longtemps vécu seul, La Nouvelle Escampette éditions, Collection Poésie, 2017, page 27. Traduit de l'américain par Pascale Drouet.