Depuis cette époque, pour moi « sympa », ce n’est pas tout à fait un compliment. C’est même presque une insulte. À la base, « sympathique » a la même étymologique que « compatissant », une personne « sympathique » est donc, littéralement, quelqu’un qui sait être compréhensif, qui est prêt à partager vos joies et vos peines sans vous juger. Or, quand on dit qu’un type est « sympa », on ne dit pas exactement ça : le mot « sympa » a une mauvaise odeur, elle sent à plein nez le politicien véreux qui assure sa popularité en payant sa tournée au café du commerce, le bellâtre musclé et bronzé qui vous ravit toutes les jolies filles sous votre nez, le patron pas fier qui donne une tape dans le dos de ses employés comme on donne une caresse à un chien bien dressé… Bref, le mec « sympa » est trop souvent une crapule qui sait se faire aimer par qui il faut, celui qui oriente ses faveurs en fonction de son intérêt personnel, éventuellement en écrasant un peu plus ceux que la majorité a choisi comme boucs émissaires : tout le contraire de la sympathie au sens originel. À ce tarif-là, n’importe quelle fripouille peut être « sympa » : Donald Trump, Sylvio Berlusconi, Carlos Ghosn, Vincent Bolloré… Même Jean-Marie Le Pen a été qualifié de « mec sympa » par Serge Moati. Je ne plaisante pas !
C’est peut-être parce que « sympa » est une pseudo-qualité facile à acquérir que c’est aussi un faux compliment qu’on donne aux types qu’on n’apprécie pas plus que ça et dont on veut se débarrasser à bon compte. Hier, un particulier m’a dit qu’il trouvait mes dessins « sympa » : qu’est-ce que ça veut dire ? Certainement pas qu’il les trouvait bien faits ou pertinents, en tout cas… Je crois que je préfère encore ceux qui me disent qu’ils n’aiment pas du tout ce que je fais, au moins, c’est honnête, même si ce n’est pas… sympa !