On ''monte'' à Jérusalem (la ville est à 900m d'altitude) et, … Enfin, la ville Sainte apparaît :
« nous gectasmes à genoulx et chantasmes en grant joye et dévotion Te Deum Laudamus et le pseaulme qui ensuyt (Lauda Jerusalem), qui ne fut pas sans gecter grant quantité de larmes... »
A la porte de Jaffa, il faut descendre de monture, car aucun chrétien n'a le droit de chevaucher, fût-ce sur un âne, dans les rues de Jérusalem.
Jérusalem paraît au pèlerin du XIVe siècle, comme une petite ville sans défense, avec peu de tours... Déjà les visiteurs se délectent des ''bazars'', des rues animées... Beaucoup d'églises sont reconvertis en mosquées, et même des quartiers sont interdits aux pèlerins.
Jérusalem apparaît comme un grand reliquaire, que chacun veut toucher, et dont chacun veut emporter une parcelle... !
Le pôle du pèlerinage est le Saint-Sépulcre ; devant l'église, il y a une grande place toute pavée de marbre blanc, sur lesquels pavés tous les pèlerins se jettent à genoux et les baisent et se traînent sur leurs genoux jusques à la porte de la dite église.
Le visiteur se rend au mont des oliviers ; ici également, à la ''Mosquée de l'ascension'' on vénère l'empreinte des pieds de Jésus-Îsâ sur le rocher de l'Ascension ; également une grosse pierre sur laquelle Notre Dame avait coutume de se reposer - et on apprécie le panorama ( comme aujourd’hui !).
Gethsémané a ses lieux saints, on y voit ,l'empreinte des mains de Jésus, de ses coudes sur la pierre de l'Agonie à Gethsémani ; la marque des coups de fouet sur la colonne de la Flagellation, traces de son sang sur la roche du Calvaire, et la couleur du sang de Notre Seigneur Jésus Christ apparaît encore aujourd'hui dans la fente de la roche.... '' Du Calvaire, à 24 pieds vers l'orient, est un autel sous lequel est une partie de la colonne contre laquelle le Seigneur fut flagellé.... Elle est de pierre de porphyre presque noir avec des taches rouges naturelles, que le peuple croit être les marques du sang du Christ.''
Là est le trou où la Sainte Croix fut posée et dressée, dans ce trou, le pèlerin y pose sa tête...
Enfin, on s'émerveille des miracles qui auraient lieu au Tombeau de David...
Les français se logent du côté de l’hôpital Saint-Jean, autrefois occupé par les chevaliers … mais, à présent bien moins tenu, sans mobilier les pèlerins dorment à même le sol !.
Avec des relations, on peut trouver un abri confortable au Mont-Sion.
La visite des lieux saints se fait toujours accompagnée de religieux, trois pérégrinations sont proposées : la 'via captivitatis', la 'via crucis', et la procession à l'intérieur du Saint-Sépulcre. La 'via dolorosa' date du début du XVIe siècle...
Hors de la Cité, le pèlerin se rend à la 'probatica piscina' ( Bethesda) où le Seigneur a guéri le paralytique. Puis, on le dirige à gauche où Saint Etienne fut lapidé, avec le rocher où fut assis le futur Saint-Paul qui veillait sur les vêtements des tyrans...
Le bâtiment du Cénacle vient d'être construit, on y voit la citerne présumée où fut prise l'eau pour laver les pieds des apôtres.
Dans la maison de Caïphe, on montre un pilier de pierre où Jésus fut lié et au milieu de la cour, un romarin commémore le reniement de Pierre ( site de Saint-Pierre en Gallicante).
Et, avant de quitter Jérusalem ( après deux semaines) le pèlerin accomplit le plus grand moment de son pèlerinage : la nuit ( souvent trois …) de veille dans l'Eglise du Saint-Sépulcre... Rite symbolique de Mort et Résurrection.
Depuis le le début du XIIIe siècle, le Saint-Sépulcre est partagé au culte entre diverses communautés : Grecs, jacobites, Syriens, Maronites, Nestoriens, Nubiens, Indiens, Abyssins, Latins... ( cf le témoignage de Jacques de Verone (1335) )
On s'arrête également devant les tombeaux de Godefroi de Bouillon et du roi Baudoin.
Les juifs sont très peu nombreux à Jérusalem... On dit qu'à son arrivée, le rabbin espagnol Nahmanide surnommé Ramban, en 1267, ne ne trouve que deux juifs, frères et teinturiers de métier. Tous trois voient une maison en ruine avec des piliers en marbre et un beau dôme, ils en font une synagogue. Ils font venir de Sichem ( Naplouse) les rouleaux de la Loi. La communauté commence à se concentrer dans le quartier juif actuel, établi au sud-ouest du Mont du Temple, entre la Porte des Ordures et la Porte de Sion.
Jérusalem est à majoritairement musulmane – sur dix mille habitants, on estime que Jérusalem compte au XVe siècle environ mille chrétiens et cinq cents Juifs – les persécutions et les vexations ne sont pas rares envers les non-musulmans, et les lieux de culte sont régulièrement saccagés.
La société mamelouke impose le port de signes distinctifs à chaque communauté: turbans jaunes pour les Juifs, turbans rouges pour les Samaritains, turbans bleus pour les Chrétiens, turbans blancs pour les Musulmans.
- Sources : Les pèlerins de Jérusalem au Moyen-âge de Nicole Chareyron.
Les 'photos' proviennent de mon séjour à Jérusalem...