Vendredi 8 décembre
11h45 : Je passe devant une pub pour la Caisse d’Epargne, plus précisément pour les services que la banque à l’écureuil prétend pouvoir vous rendre quand vous êtes privé de véhicule : à l’avant-plan un couple en rade en pleine forêt avec armes et bagages et, à l’arrière-plan, leur bagnole emportée par un dépanneur. Mais l’attitude que prennent les deux éléments du couple est révélatrice : l’homme est debout et la femme est assise… Pour ne rien arranger, l’homme regarde partir la dépanneuse, les mains sur les hanches, on sent le mec soucieux, qui se demande comment il va se tirer de ce pétrin, tandis que sa femme se contente de grogner,la tête posée sur le poing… Les voitures sont une affaire d’homme, tout comme la réflexion, ça va de soi ! Qui peut encore croire que la publicité a évolué depuis l’époque où elle faisait passer les femmes pour « des connes heureuses de frotter la merde » comme disait Pierre Desproges ?
15h45 : Sur Twitter, Jean-Michel Apathie remet en cause la légitimité de Mélenchon à parler au nom du peuple sous prétexte que le leader de la France Insoumise a déclaré n’avoir rien à dire sur Johnny Hallyday. C’est vrai que la mort d’un chanteur millionnaire, voilà un problème très important pour le peuple, monsieur Mélenchon ferait mieux de se préoccuper de ça plutôt que de sujets futiles comme le chômage et les inégalités ! Si la légitimité de Mélenchon à parler au nom du peuple est douteuse, on ne peut en revanche nourrir aucun doute sur celle de monsieur Apathie : elle est inexistante !
Samedi 9 décembre
16h30 : Téléthon de Saint-Divy (29). L’après-midi s’annonçait super, il était prévu qu’on assiste à une représentation de « Douze hommes en colère » ; mon camarade avait mal lu, manque de bol, c’était « Treize à table », une comédie (cf. supra) basée sur l’histoire d’une maîtresse de maison qui s’angoisse quand elle réalise qu’il y aura treize personnes à table pour son réveillon… Je ne sais pas pour vous, mais moi, avec un sujet pareil, je trouve à peine matière à écrire un sketch de dix minutes et surtout pas une pièce de deux heures et demie ! Et encore, il parait que la troupe avait coupé dans le texte : il y a des auteurs sadiques… Bref, un souvenir plutôt pénible même si j’avoue m’être identifié au personnage d’Antoine que les femmes prennent pour un héros mais qui n’aspire qu’à une vie paisible : je suis victime d’un malentendu similaire avec la société…
18h30 : Après deux heures de boulevarderies, on a droit à une démonstration… De danses polynésiennes. Je ne suis pas contre, mais je trouve ça quand même un peu incongru à l’approche de Noël. De surcroît, comme je vois le mal partout, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y en a dans le public pour qui l’art de la danse n’est qu’un prétexte pour mater de jeunes et jolies adolescentes se trémousser en tenue légère ! Pour ne rien arranger, ça renforce auprès du public une image stéréotypée de la Polynésie qui sert à piéger les touristes et à dissimuler la misère des autochtones… Rabat-joie vous-même !
21h : Mes amis du « Carré des Arts » peuvent enfin se produire et donner leur représentation de leur spectacle « La revanche d’Elvira » : c’est la troisième représentation à laquelle j’assiste et ça se bonifie à chaque fois, ne serait-ce que grâce au formidable méchant que campe Emmanuel Kervran : pourquoi les gens les plus talentueux sont-ils souvent les plus modestes et les plus effacés ? En tout cas, ne ratez pas ce son et lumière s’il passe dans votre commune.
22h30 : C’est à mon tour de monter sur scène, pour conclure la soirée : à l’issue de cette journée décidément pleine de contretemps, je suis à bout de nerfs et de fatigue, et pourtant, je me surprends à tenir mon rôle sans difficulté. Je ne sais pas si c’est la magie de la scène qui opère ou si c’est dû à la bienveillance de Jennifer, la metteuse en scène. Je ne peux malheureusement pas en dire plus sur ce spectacle qui est encore en rodage.
Dimanche 10 décembre
17h30 : N’ayant rien de mieux à faire en cette journée pluvieuse, j’écoute un enregistrement « live » d’Yvon Etienne : l’ami Yvon, dont on peut voir de temps en temps la bouille de père Noël à la télé locale, est un véritable génie de la chanson. Quand il mourra, je pleurerai beaucoup plus que pour Johnny !