La nounou de mon fils, Helen, nous a fait une sacrée démonstration de chasseuse l’autre jour en tuant une énorme mouche, deux-trois fois la taille d’un bourdon, probablement inoffensive mais dans le doute... PAF!
- Ma belle-mère s’insurgea : « Mais Helen, pourquoi vous avez tué cette pauvre bête, c’était peut-être un humain dans un vie antérieur. »
- Helen faillit faire un deuxième strike : « non mais n’importe quoi! C’est quoi ses conneries (bullshit dans le texte, n’ayons pas peur des mots) d’humain qui se réincarne en mouche ?? Et les fourmis, vous les écrasez pas peut-être quand elles envahissent votre cuisine ?? D’ailleurs, ces milliards de fourmis elles se réincarnent pas tous en humain, sinon on serait beaucoup plus nombreux. Dans ma religion (catholique) on ne se réincarne pas, mais si on se réincarnait – qui sait – on se réincarnerait en humain pas en scarabée. Non mais ce qui faut pas entendre... »
- Ma belle-mère ne se laissa pas démonter pour autant : « Mais y a plus de gens qui meurent que de gens qui naissent, alors elles vont où leur âme ?? »
- Helen mit fin à la conversation avec son tact légendaire : « Nulle part. »
Évidemment je me tenais de vérifier l’argument de ma belle-mère qui me paraissait un peu limite. Et de fait : 55 millions de morts par an pour 131 millions de naissance dans le monde. Si tous les humains se réincarnent (le nombre de saints restant quand même ridicule), et en humain (laissons de côté la théorie du karma qui augmente les probabilités de revenir sur terre en crapaud si on se comporte mal), ça laisse 76 millions de bébé d’origine inconnue. Quand tu niques un moustique, tu as donc moins de chance d’ôter la vie à un humain réincarné qu’à la future réincarnation d’un humain. Et là encore, les chances sont infimes – personne ne semble avoir compté les moustiques (j’ai quand même cherché, au cas où) mais il y en a des milliers de milliards c’est sûr. Leurs chances de se réincarner en êtres humains sont donc infinitésimales. En revanche, ils font au moins 750 000 victimes humaines par an.