Albin Michel, janvier 2018,lien 438 pages, 22 euros 50
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (oprération privilège : on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre, on le partage)
C'est vrai, c'est un peu opportuniste comme thème : encore quelques jours et on sera dans l'année jubilé de mai-soixante-huit. Télérama consacre son dernier double numéro de 2017 à la décennie 58-68. Et notre Johnny national qui fait sa sortie en majesté avant Noël ! Pour un peu Gérard de Cortanze aurait pu écrire un épilogue à Laisse tomber les filles qui se serait passé au milieu de la foule fervente rue Royale le samedi 9 décembre 2017.
Au début du roman de Gérard de Cortanze, Johnny est là bien vivant (il a vingt ans), sur le podium SLC, avec Sylvie, Lucky, Richard et les autres. On est le 22 juin 1963, sans doute un samedi après-midi ; à leurs pieds, la place de la Nation a quinze ans, elle twiste et gueule ; aux balcons, les bourgeois tirent la tronche, crient au scandale et font venir la maréchaussée pour écarter quelques blousons noirs, casseurs de l'époque.
Plus futiles et moins engagés pour leur libertés fondamentales que leurs aînés zazous, les yéyés vivent une époque de croissance économique et de paix (relative). Moins contraints par les restrictions, exposés aux progrès techniques, et à l'explosion de la consommation, ils se laissent un peu aller aux mômeries et surjouent l'insouciance gamine (mais en avions-nous — en avaient-ils — conscience, à quinze ans ?). N'empêche, ils ne tardent pas à être si nombreux et influents, qu'un véritable marché culturel se crée pour la première fois à destination des jeunes, avec émissions radio, télé, journaux, disques, vêtements, etc.. En même temps que la télévision, c'est la société qui prend des couleurs fraîches et gaies.