Magazine Journal intime

[#jesuisrestigouche] taqawan, roman d'éric plamondon

Publié le 30 décembre 2017 par Tilly

Quidam éditeur, janvier 2018,lien 208 pages, 20 euros

4è de couv : mains. » Le 11 juin 1981, trois cents policiers de la sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour s’emparer des filets des Indiens mig’maq. Emeutes, répression et crise d’ampleur : le pays découvre son angle mort. Une adolescente en révolte disparaît, un agent de la faune démissionne, un vieil Indien sort du bois et une jeune enseignante française découvre l’immensité d’un territoire et toutes ses contradictions. Comme le saumon devenu taqawan remonte la rivière vers son origine, il faut aller à la source… Histoire de luttes et de pêche, d’amour tout autant que de meurtres et de rêves brisés, Taqawan se nourrit de légendes comme de réalités, du passé et du présent, celui notamment d’un peuple millénaire bafoué dans ses droits. — Né au Québec en 1969, Éric Plamondon a étudié le journalisme à l’université Laval et la littérature à l’UQÀM (Université du Québec à Montréal). Il vit dans la région de Bordeaux depuis 1996 où il a longtemps travaillé dans la communication. Il a publié au Quartanier (Canada) la trilogie 1984 : Hongrie-Hollywood Express, Mayonnaise, et Pomme S, publiée en France aux éditions Phébus. Taqawan est paru au Québec au printemps 2017.
Pour commencer, deux comparaisons certainement discutables (les commentaires sont là pour ça, discuter), mais ça m'aide pour vous situer le genre de ce roman singulier : Brautigan, Harrison.
Richard pour l'écriture fragmentée, allusive, élusive. Jim pour les grands espaces, les mouches (pêche à la) sèches, les contes et légendes amérindiens.

Sauf que là on est plus au nord, et tout au bord des terres de l'est du Canada, à l'embouchure de la Ristigouche que les saumoneaux (les taqawans, en langue mi'gmaq ou micmac) remontent en quittant l'océan pour revenir au lieu exact de leur éclosion (trois ans plus tôt), et devenir à leur tour les acteurs de la survie de l'espèce.
Là aussi où vivent aujourd'hui dans une réserve quelques centaines de descendants Mi'gmaqs, pêcheurs-chasseurs amenés par la grande migration multi-millénaire des peuplades autochtones d'Amérique, venant du détroit de Béring.
Ristigouche, Gaspésie, sont les lieux, les noms, les sons, de Taqawan.

Juillet 1760. Louis XV a envoyé une petite flottille pour aider la Nouvelle-France et Montréal contre les Anglais. L'affrontement naval se déroule dans la baie des Chaleurs, à l'embouchure de la rivière Ristigouche. Les navires français piégés, se sabordent. Les soldats rescapés sont secourus par les Mi'gmacs, mais finissent par se rendre aux Anglais. Eric Plamondon a publié en 2013 une belle novella (Ristigouche) qui a cet épisode pour arrière-plan historique ; il n'y est pas question cette fois de saumon, mais de beluga échoué !

Juin 1981. Le gouvernement de Québec envoie les forces de l'ordre dans la réserve Restigouche saisir les filets des Mi'gmaqs qui contreviennent soi disant à la règlementation sur la pêche au saumon (dans les faits, c'est le gouvernement fédéral, Ottawa, qui administre les réserves indiennes, le conflit est donc éminemment politique, les Mi'gmaqs en sont les fusibles). L'affrontement très inégal dégénère, nombreux blessés et arrestations parmi les Mi'gmaqs. Une deuxième descente a lieu quelques jours plus tard, aggravant la situation. Le 25 juin 1981 dans une conférence de presse, René Levesque, premier ministre du Québec, reconnait que " l'image d'une grosse troupe qui crée un corps de débarquement, cela reste une décision, le moins qu'on puisse dire, discutable, ce qui a été fait. "


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