Magazine Journal intime

La fois où j'ai passé les Fêtes dans le sud (4)

Publié le 10 janvier 2018 par Claudel

Cedar Key du jeudi 23 novembre au lundi matin 27 novembre

Pas de place au Manatee springs state park. Plan B : C'est l'ami Pierrôt qui en a déjà parlé sur son blogue (n'hésitez pas à le lire, il a un humour à vous décrocher un large sourire >>>) : un petit camping près de Cedar Key. Une belle surprise. Un avant-goût, en miniature, en plus rustique des Keys que nous avions l'intention d'aller visiter pendant notre séjour.

Appréhension de congestion sur les routes parce que le jeudi 23 novembre, c'était la Thanksgiving et, comme toujours, les États-Uniens ont l'art de la démesure.
Appréhension pour la pluie : on en annonce beaucoup et toute la journée.
Appréhension une fois sur la route 24 qui semble interminable, sans village, sans station-service, sans maisons.
Appréhension pour le camping que je ne connaissais pas et qui ne payait pas de mine sur le site Internet. Et si j'arrive après 16 heures... et si tout est fermé parce que c'est la Thanksgiving

Et si...
Finalement pas d'arrête au "Visitor Center" pour le traditionnel jus d'orange: c'est jour férié, tout est fermé.
Finalement, on a contourné Jacksonville sous la pluie battante : aucun problème.
Finalement, on a traversé Gainesville en plein centre-ville : pas un chat. C'est une ville universitaire, tout le monde est en congé.
Finalement, on arrive au camping Angler's Rv campground, la pluie est terminée. Paul n'est pas là, mais Jim et Robin nous ont accueillis comme de vieux amis et nous ont dit de nous installer à l'emplacement 21. Le lendemain, il sera bien temps de régler nos comptes : 181,94 $ pour quatre nuitées. C'eut été moitié prix si j'avais été membre de Passport America. J'aurais même pu le devenir sur place, mais je n'ai pas réagi assez vite. Tout de même moins cher que le camping situé directement à Cedar Key : 62 $ la nuit.


D'abord Manatee springs

À trente minutes du camping, par des petites routes pas très larges et sans réel accotement, le Manatee springs state park. On y a vu trois chevreuils, trois lamantins, un pic, un ibis, un cormoran et des tonnes d'urubus. Aussi, des enfants en vacances, des rangers loquaces qui nous présentent longuement la flore et courtement l'histoire du parc. On a pu jaser avec une Seminole et son conjoint un Mowhak de Malone dont les grands-parents portaient les patronymes de Boyer et de Dupuis.
À noter que ce sont des sources, ce qui ne signifie pas du tout qu'elles soient chaudes, donc quelques braves enfants s'y baignent, mais les adultes préfèrent pagayer sur la rivière.

Dire " Hi " à tout le monde. Comme tout le monde.
Être impressionnée par la quantité phénoménale des cannettes de boisson gazeuse.
Remarquer que le recyclage commence enfin à être encouragé.
Marcher, se laisser aller, chercher l'aigrette blanche.
Essayer d'améliorer son écoute de la langue de Shakespeare. Se décourager de ne guère s'améliorer d'une année à l'autre.
Avoir hâte de lire. Avoir hâte d'écrire. Rouler.
Écouter Jim gratter sa guitare et chanter autour d'un feu.
Commencer à se gratter parce que les moustiques invisibles, les no-seums, sont légion au camping. Ce qui signifie tout de même que le temps des manches longues et des pantalons est peut-être terminé pour nous.


Puis Cedar Key

C'est dimanche. C'est foule au village et à la marina.
Les restaurants, les cafés, les terrasses (si on peut appeler terrasse quelques tables de pique-nique peintes en roses installées au bord d'une marina) ne désemplissent pas. Encore beaucoup de friture, mais mon wrap aux crevettes (8,99 $ US) était un délice.
Des bâtiments colorés, des rues qu'on peut parcourir en voiturette électrique. Une atmosphère délicieusement surannée, un avant-goût des Keys, j'en suis certaine.
Même au parc, difficile à trouver parmi les rues sinueuses, peu d'oiseaux, un pêcheur qui lance son filet.
Plaisir du jour, à travers les arbres, le soleil rosé du soir.


Puis dimanche, repos.

Lire un peu. Enfin.
Douze jours que nous sommes parties et toujours cette impression de jouer à cache-cache avec la saison. Comme si on avait fait une fugue de l'hiver, de la neige et du froid.

Patrick Modiano, dans son roman Dora Bruder, écrit au sujet de la fugue :

" vous éprouvez quand même un bref sentiment d'éternité Vous n'avez pas seulement tranché les liens avec le monde, mais aussi avec le temps. [...] Et il arrive qu'à la fin d'une matinée, le ciel soit d'un bleu léger et que rien ne pèse plus sur vous. "

Je suis une fugueuse, à la recherche des 20 degrés qui ne durent pas assez longtemps chez nous.

Site Internet du camping, petite vidéo sur Cedar key >>>


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