Revue de presse BD (259)

Publié le 11 janvier 2018 par Zebralefanzine @zebralefanzine

gag signé Mo/CDM, extrait de "Fluide" hors-série n°81

+ Le musée du Louvre s'efforce de dépoussiérer son image depuis quelques années grâce à la BD. Celle-ci apparaît en effet comme un art plus facile d'accès. Plusieurs albums ont ainsi été coproduits par le Louvre et la maison d'édition de BD Futuropolis. Bien que ces albums soient plutôt ironiques, ils ne remettent pas directement l'institution en cause.

En invitant l'équipe de l'hebdomadaire "Fluide-Glacial" à visiter Le Louvre, à mi-chemin entre le sanctuaire et le parc d'attraction, la direction de l'établissement n'a pas craint de provoquer l'humour. Dans un "hors-série", l'équipe de gagmen de "Fluide-Glacial" répond par une série de vannes plus ou moins subtiles et efficaces. Le public du Louvre est la cible des railleries, mais aussi le personnel et le discours esthétique snob qui accompagne parfois l'exposition des oeuvres.

Le défaut de ce hors-série est qu'il s'agit d'un ouvrage de commande, or la satire répond rarement à une commande.

(Hélas un prof d'histoire de l'art, Martial Cavatz, s'est glissé parmi les gagmen ; et d'enfourcher le dada de la "reconnaissance de la BD" par le milieu des critiques d'art. Outre que ce discours académique est relativement "hors sujet", même un esprit satirique limité sera conscient de l'impact du marché sur le goût contemporain en matière d'art.)

+ En ce début de nouvelle année 2018, "Siné-Mensuel" et Berth s'approprient une affiche fameuse de "Mai 68", représentant un CRS en pleine opération de maintien de l'ordre public républicain. Le dessin original est signé d'un certain Jacques Carelman, à la fois dentiste, illustrateur, humoriste dans le genre loufoque, et décorateur de théâtre. Celui-ci précise dans une interview que l'inscription SS sur le bouclier du CRS est "apocryphe".

Comme il y a deux "Charlie-Hebdo", on peut distinguer aussi deux sortes de "soixante-huitards" : ceux qui virent dans l'accession de la gauche au pouvoir en 1981 le prolongement de "Mai 68", et ceux qui a contrario furent déçus par ce résultat.

La récupération politique de ce mouvement cache que, à l'instar de la première mouture de "Charlie-Hebdo", il est difficile de dégager un axe politique de cette révolte, qui prit les élites au dépourvu pour cette raison. On ne peut manquer d'observer qu'un certain nombre d'ex-soixante-huitards en vieillissant et se rapprochant du pouvoir sont devenus les pires censeurs.

+ "Les nouveaux Cahiers de la BD se présentent sous une couverture représentant Chihuahua Pearl : un choix relativement étonnant, fait remarquer H. Filippini (BD-Zoom), puisque à quelques exceptions près, les articles proposés ignorent la BD de divertissement !"

Plus étonnant encore le choix d'une "call-girl" machiavélique pour illustrer un n° qui contient une enquête intitulée : "Les Femmes sont-elles l'avenir de la BD ?"

+ La sélection de trente fanzines pour le concours de fanzines organisé par Philippe Morin dans le cadre du prochain festival d'Angoulême est on ne peut plus éclectique. On y trouve en effet un fanzine (marocain) "Halal", à côté d'un fanzine, "La Bûche", exclusivement réservé aux autrices (sic) de BD.

Saluons un tel éclectisme, qui tranche avec l'uniformité ambiante.