Hier encore

Hier encore, je repensais à nos enfances,
Marchant dans la rue, sautant de flaque en flaque, l’immensité d’un univers les séparant.
Des étoiles que personne ne découvrirait jamais gravées à l’intérieur de nos yeux,
Des bêtises à en faire frémir des parents sur le bout de la langue…

Ces histoires à rallonge dans ma tête, qui me transformaient en chat, en chercheuse d’or mais aussi en sorcière, me laissant aujourd’hui le goût de les avoir vraiment vécues.
Cette envie de croire et d’être sûre qu’un jour je serais aventurière.
J’ai pensé à mes peurs de trouver un monstre sous mon lit ou dans mon armoire, d’être kidnappée pendant la nuit et de réfléchir à comment m’en sortir…
Cachée dans une cabane, à l’abris dans un cocon, je ne me souviens pas être restée l’esprit collé au sol plus de cinq minutes…

Hier encore, je marchais seule dans la rue et c’est sur ce banc que je me suis assise.
Cet enfant m’a vu, et moi, je suis devenue adulte…
J’ai fermé les yeux et j’ai écouté cette gosse à l’intérieur de mon cœur.
Celle qui a peur de perdre ses rêves et son imaginaire, car maintenant elle sait que si elle l’abandonne, elle ne reviendra pas, elle ne pardonnera pas…
Cette môme qui pleure pendant les infos, qui est triste quand elle voit des gens dans la rue, mais qui persiste à croire qu’avec du scotch et des ciseaux elle peut tout réparer.
Celle-là même qui angoisse de devenir vieille, conne et seule, de désapprendre comment sourire, d’oublier comment rire.
Enfin, celle qui à peur que tout ses soucis d’adulte, ne la transforme en monstre de tristesse et d’ennuie…

Alors hier encore, pendant que je rêvais que j’étais enfant,
J’ai pris ce gros rouleau de scotch, celui que rien ne déchire, et j’ai scotché ce rêve au plus profond de mon être…
Que jamais le pétrole de mes soucis, le sang de mes blessures, les larmes de mes frustrations ne puisse le détacher et m’en séparer.

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