Le poète contemporain
Publié le 22 janvier 2018 par YannbourvenLe poète contemporain n'est ni une pleureuse ni un fonctionnaire qui attend impatiemment sa Proserpine ou ses grandes vacances pour écrire. Le poète n'attend que l'Orage, seul et en danger car débarrassé de ses paratonnerres...Ecrivains-voyageurs corrompus perlant bedonnant aux frontières, s'allumant clope sur clope buvant porto à la Kerouac sans le talent, crânant sur les promenades en héritiers vermoulus, pelotant fausse muses vraies michetonneuses. D'autres frileux, minaudant à l'arrière des cafés, s'essaient en poètes clamant proses défaites, s'inspirant de la chanson réaliste et du hip hop à la française, trop bourgeois pour être honnêtes, un jour vous vous étoufferez dans vos bars à soupe, et ce sera bien fait... Pères, patries et professeurs pisseux de bonne conduite, si vous aimez les hommes ne les nourrissez pas... Je n’ai vu personne, au bout du tunnel, on me dit qu'une foule s'y était massée, happée par la Fin des temps, je n'y ai vu goutte, seulement quelques fringues éparpillées ça et là, une paire de lunettes, un téléphone portable, et une poupée... Où êtes-vous ? Au travail, dans le métro, ou bien vous errez dans les avenues numériques en quête d'amour physique... J'ai donc fait demi-tour, je ne suis pas un ambitieux, je ne termine pas grand-chose en réalité. Cette réalité : même les défunts n'y croient plus. L'état des lieux se fera sans les propriétaires, puisque nous les aurons fait disparaître. Il doit bien encore exister une forêt primaire dans un coin de cette foutue planète... Les États tortionnaires qui pullulent en Orient et en Occident s'accrocheront aux dernières branches du souvenir, nous les regarderons se dessécher au soleil... Le combat physique et poétique ne sera pas de tout repos, mais je n'ai ni peur de la mort ni peur de renaître... En terrasse, face à la mer, se baffrent sans pudeur des espèces réapparues, nouveaux esclavagistes, groupes d'intérêt en concurrence perpétuelle, spéculant en dansant, le temps n'y comptant presque plus, suspendues au-dessus de la promenade, jugeant puis saignant la classe prolétaire, puis défenestrant le dernier homme résigné, car rien n'a changé depuis 1848. Fenêtre-moi le ventre, afin que mes angoisses rieuses puissent observer le monde. Nous ne sommes que des anges au dos brûlé qui n'ont encore rien vu. Ou, comme disait Proserpine enfuie, des esclaves aux ventres recousus...