Mélodie Delors
Publié le 03 juillet 2008 par Loïs De Murphy
Les lettres de soutien de ses
admirateurs se raréfiaient dans le porte-lettres sur le secrétaire du petit
bureau, et la jeune Mélodie Delors, de l’illustre famille des Rocancourt-Delors
sentait que la fin de son règne s’achevait. Voilà six mois que sa mère était
rentrée d’entre les morts, iconisée par ses soins durant de longues années
d’absence de l’autre côté d’une guerre civile, et le malaise ressenti peu après
le temps des retrouvailles allait grandissant. Sa mère lui devait tout, la
gloire, l’amour des médias et même ce retour pour lequel elle s’était battue.
Alors pourquoi ce désintérêt soudain
pour sa personne ? Il n’y en avait plus que pour l’autre, l’absente-présente,
et on ne lui avait plus accordé de tribune pour s’exprimer depuis des semaines,
elle qui s’était entrainée à communiquer excellemment avec sa voix
douce et appliquée.
Elle savait qu’elle avait perdu sans
comprendre encore quelle erreur de jugement elle avait commise.
Le point de bascule, la rupture fût
assurément quand sa mère agacée lui demanda un matin de lui parler sur un autre
ton et de rallonger le bas de ses jupes.
Illustration : Jeanne par Adrien Lecuru