La mère de Jean-Léonard était parmi les proches de l'évêque de Limoges, Mrg Jean Gilles du Coetlosquet (1700-1784) qui deviendra le précepteur des petits-enfants de Louis XV... Lui-même protégé par Charles du Plessis d’Argentré à la cour de Versailles, sut recommander Jean-Léonard pour entrer comme page à la Petite écurie.
Cette réception fut un grand honneur pour son père. Bien sûr, il avait fallu apporter des preuves de noblesses qui puissent remonter à au moins 1550, et gagner le certificat délivré par Antoine Marie d'Hozier de Serigny (1721, 1801) juge d'armes de France.
Monsieur de Nestier,
Ecuyer Ordinaire de la grande Ecurie du Roy.
Jean-Léonard fut inscrit au Cabinet des Titres en même temps que Jean-François de Villoutreix de Breignac, et Jean-Batiste de Lubersac; pour ceux originaires du Limousin ...
A Versailles, lorsque l’on tourne le dos au château, deux bâtiments symétriques, sur le côté de l'avenue de paris, sont la Grande Ecurie du roi, et la Petite Ecurie de Paris.
C'est dans les grandes écuries que les chevaux de Louis XIV étaient dressés. Il y avait donc une multitude de personnel qui atteignait souvent 1000 individus : pages, écuyers, valets, palefreniers...sans oublier le chirurgien, l'apothicaire pour les préparations médicamenteuses des équidés, les musiciens pour le carrousel..etc
La plupart des pages étaient formés dans les deux Ecuries du roi, la grande et la petite, sous les charges des Ecuyers du roi.
Avec un appui à la cour, un minimum de qualités physiques, et la possibilité de subvenir à ses besoins ( c'est à dire, avoir une pension de cinq cents livres destinée aux menues dépenses...) on peut prétendre à devenir page à la cour de Versailles... Ensuite, habillement, nourriture, maîtres, soins pendant les maladies, tout était fourni avec une magnificence vraiment royale.
Les pages de la Maison du Roi se divisaient en plusieurs catégories, pages du Roi, de la Reine, du Dauphin, de la Dauphine, de Monsieur, de Mesdames et de plusieurs autres membres de la famille royale qui pouvaient prétendre à un tel train de cour selon le bon vouloir du monarque.
« Les pages de la reine, au nombre de douze, étaient vêtus de rouge, galons en or. Monsieur et M. le comte d’Artois avaient chacun quatre pages de la chambre, douze aux écuries ; et leurs épouses, huit. Ceux de Monsieur et de Madame étaient aussi en rouge et or. Les pages de la chambre étaient habillés de velours brodé ; les différences de la pose du galon faisaient la distinction que les couleurs ne faisaient pas. »
Arrivé à Versailles, armé de ses lettres de recommandations et accompagné de son père, qui paye le trousseau... Jean-Léonard de La Bermondie peut réclamer son habit et avoir un chapeau. Monsieur le gouverneur le présente à tous les pages, et le recommande au premier page...
Malgré tout, chaque nouveau venu craint à juste titre les ''malices'' que ne vont pas manquer lui faire subir les plus anciens pour établir leur autorité indiscutable ...
« Malheur à celui qui n’y apportait pas le goût de s’instruire ! Il en sortait bon danseur, tirant bien les armes, montant bien à cheval ; mais il en emportait des mœurs passablement relâchées, et beaucoup d’ignorance. . Ce qui pouvait compenser un peu ce mauvais côté, c’était un caractère excellent et plié à tout par la sévère éducation que les nouveaux recevaient des anciens. »
Sources: '' Un page de Louis XV. Lettres de Marie-Joseph de Lordat à son oncle Louis, comte de Lordat, brigadier des armées du Roi (1740-1747).'' ; et de Félix de France d’Hézecques aristocrate français (1774 – 1835) Souvenirs d'un page de la cour de Louis XV. ( « à mon arrivée à Versailles, on y comptait cent cinquante-huit pages, sans ceux d es princes du sang qui résidaient à Paris.»)