Le journal du professeur Blequin (37) Conférences pas rances

Publié le 09 février 2018 par Legraoully @LeGraoullyOff
Grégory Chambon vu par votre serviteur.

Mercredi 7 février

18h : Une nouvelle conférence intéressante à Brest : Grégory Chambon, de l’EHESS, nous offre un bref aperçu historique du déchiffrage de l’écriture cunéiforme, et c’est assez croquignolet de connaître les raisons pour lesquelles les lettrés européens de la Renaissance ont tardé à entreprendre le déchiffrage de cette écriture en forme de petits clous (qui a dit « merci Marc Toesca » ?) utilisée au Proche-Orient dans l’Antiquité : premièrement, figurez-vous que ces messieurs considéraient que le fait de « déchiffrer » un texte ne pouvait pas être considéré comme une activité sérieuse et ne pouvait être qu’un jeu entre oisifs facétieux aimant s’échanger des messages codés pour s’amuser ! Deuxièmement, beaucoup refusaient de reconnaître que le cunéiforme était une écriture, partant du principe qu’une civilisation digne de ce nom ne pouvait s’exprimer au travers d’idéogrammes : reconnaître le cunéiforme comme une écriture aurait donc ouvert la voie à la reconnaissance des cultures des peuples considérés comme « inférieurs » ! Bien sûr, la religion, toujours elle, a mis son groin là-dedans : c’est Dieu qui a donné l’écriture aux hommes, c’est marqué dans la Bible, les peuples n’ont pas pu inventer eux-même leur écriture et gnagnagna et gnagnagna ! Beaucoup de retards que la recherche a pu prendre au cours de l’histoire s’expliquent par le poids des intérêts politico-religieux : j’ai d’ailleurs tort d’en parler au passé puisque monsieur Chambon a rappelé qu’à cause de la situation internationale, il est devenu difficile et même risqué d’aller faire des fouilles au Proche-Orient. Les archéologues aujourd’hui ne ressemblent plus à Indiana Jones mais le métier est devenu encore plus dangereux…

Le « croissant fertile » : une légende qui a la vie dure… Roger Faligot vu par votre serviteur.

Jeudi 8 février

17h : Encore une conférence : Roger Faligot, l’auteur de Brest l’insoumise, revient sur la conception de ce pavé de 800 pages où il retrace l’histoire de la ville du Ponant en mettant en avant son côté « rebelle », son refus affiché de se laisser marcher sur les pieds ; grâce à ses recherches, il a eu l’occasion de découvrir que cette ville a joué dans l’histoire de l’Europe, et même du monde, un rôle qui n’est pas anecdotique. Ainsi, elle fut un pivot de la stratégie de Felipe II d’Espagne dans sa guerre contre l’Angleterre, à tel point que sa très catholique majesté ibérique avait envisagé d’imposer sa fille, l’infante d’Espagne, sur le trône du duché de Bretagne et de faire de Brest la capitale dudit duché ! En soi, ça n’avait rien de farfelu puisque l’infante était parente d’Anne de Bretagne : et oui, contrairement à ce que prétendent les royalistes qui présentent les rois comme les seuls dépositaires légitimes de la « patrie éternelle », les têtes couronnées d’Europe étaient toutes plus ou moins parentes, de sorte que si on avait appliqué à nos rois les critères que nos chers patriotes voudraient imposer pour le droit à la nationalité française, la plupart de nos souverains n’auraient pas été sûrs de l’obtenir ! Nous avons été dirigés pendant des siècles par des « sales métèques », vous vous rendez compte ! Cela dit, les rois et les reines avaient beau être parents, ça ne les empêchait pas de se faire la guerre sans discontinuer… Pardon : ça ne les empêchait pas d’envoyer les autres faire la guerre pour eux sans discontinuer ! J’étais parti pour parler de Brest et, finalement, je suis parti un peu en hors-piste : tant pis, si vous voulez lire des textes sur Brest écrits par ma plume alerte, lisez Côté Brest chaque semaine !

L’origine du nom de Brest est encore aujourd’hui bien mystérieuse…