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il est une fois... ...une dame de soixante-dix-sept ans ...

Publié le 04 juillet 2008 par Ohlebeaujour
il est une fois...

...une dame de soixante-dix-sept ans qui a toujours vécu pour les autres. Elle a une âme d’adolescente et préfère la compagnie des jeunes. On l’emmène à un concert, puis boire un verre avec les artistes, jusqu’au bout de la nuit. Elle en redemande. On l’emmène au théâtre, elle se fait belle. Quand le rideau s’ouvre, elle a des étoiles plein les yeux. Elle adore faire le marché le samedi et cuisiner pour sa fille, son fils adoptif et les amis, autour d’une ou deux bouteilles de vin blanc.
Après une opération délicate, deux mois de lit d’hôpital, de bouffe immangeable – elle a perdu l’appétit et surtout huit kilos – il lui tarde de rentrer chez elle. Elle en a marre du centre de rééducation et le répète sur tous les tons de la gamme : « j’en ai ras les couettes. »
La maison est prête à l’accueillir. Elle a droit à son verre de vin blanc, à un peu de fromage, du laguiole agrémenté de pâte de coings. Un petit écart après deux mois de régime drastique… Elle se régale.
Samedi, clopin-clopant – car elle a un genou tout neuf –, elle va faire le marché. Elle retrouve avec bonheur ses vendeuses, les bruits et les odeurs de la place Fernand Pelloutier. Elle est enfin dehors, bras dessus bras dessous avec sa fille, elle respire.
Le soir, l’attend un dîner surprise et du champagne.
Hélas, la guigne la poursuit encore…
Elle veut payer son kilo et demi de pommes de terre. Son portefeuille a disparu. Mélodrame. Il y avait cent euros en liquide, la carte bancaire, la carte vitale, la carte d’identité. Crise de larmes. Une dame âgée au bout d’une canne, c’est une cible facile pour les pickpockets. On file au commissariat. « Revenez à quatorze heures. »
A l’heure dite, la préposée lui rétorque, la bouche en cœur, « ça n’est pas un vol, c’est une perte. » La dame au genou tout neuf n’en peut plus. Sa fille enrage, son fils n’en croit pas ses oreilles. Sous prétexte qu’elle est âgée, elle l’a posé par mégarde, ça tombe sous le sens. Elle n’accepte pas qu’on la prenne pour une demeurée: « J'suis pas cabèque! Je sais qu'on m'a volée. »
Furibarde, la fille comprend pourquoi la délinquance est soi-disant en nette baisse. Parce qu’on chasse du commissariat le moindre pékin qui s’est fait volé, mais n’a pas eu la "chance" de se faire tabasser.
P.S. désolé pour celles et ceux qui auront éprouvé une sensation de déjà-vu; comme je sèche lamentablement, j'ai préféré "remonter" un de mes billets qui avaient peut-être échapper à votre sagacité.

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