Etrange non ? Une décision du Tribunal administratif que Madame Hidalgo ne veut même pas appliquer !
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Par Maxime Tandonnet
Voilà qui est plus qu'étrange: le tribunal administratif de Paris a annulé, pour de multiples raisons, la fermeture à la circulation automobile des voies sur berges par la mairie de Paris. Cette dernière a indiqué, grosso modo, qu'elle n'appliquerait pas une décision de justice pourtant sans caractère suspensif (obligation de l'appliquer). Un nouvel arrêté sera pris pour couvrir le maintien de la mesure annulée par le TA et la mairie fera appel. Tout cela se passe le plus banalement possible. N'importe quel citoyen qui refusera d'appliquer une décision de justice se verra sévèrement sanctionné. La mairie de Paris peut se permettre de piétiner une décision de justice, mieux, le proclamer haut et fort, mais tout est normal. Ni le pouvoir politique, ni les partis, ni les médias, ni la presse, ni les associations ne s'en offusquent. Circulez braves gens... Tous les signaux sont au rouge: dans un climat indifférent, résigné, imprégné d'une bonne dose de lâcheté, l'idéologie l'emporte sur le droit, et la France renonce subrepticement à son Etat de droit et à ses libertés.
Maxime Tandonnet
Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...Par Maxime Tandonnet
Laurent Wauquiez, président des Républicains, fait la une de l'actualité après avoir été enregistré devant des étudiants de l'école de Management de Lyon, tenant des propos explosifs, qui mettent en cause à la fois Nicolas Sarkozy, M. Darmanin et le président Macron. L'incident, fortement médiatisé, intervenait à la suite d'une " émission politique " réussie et d'une série de sondages révélant un début de percée dans l'opinion notamment chez les sympathisants Républicains.
Ces paroles ont déclenché une avalanche de critiques dans la classe politique et un lynchage médiatique en bonne et due forme. Les " porte-flingue " du pouvoir n'ont pas raté l'occasion de se déchaîner contre Wauquiez; mais plus encore, ses concurrents de droite lui ont assené des coups d'une rare férocité, qui en disent long sur le degré de haine et de jalousie atteint dans les rangs de la droite modérée. Trois jours plus tard, la déferlante haineuse bat son plein, dans des conditions dignes de n'importe quelle société totalitaire.
Wauquiez est accusé de révéler, par ces attaques personnelles, un tempérament agressif et exagérément carriériste, prêt à n'importe quelle bassesse pour parvenir à ses fins. Il est suspecté de " trumpisme ", c'est-à-dire de chercher le scandale pour faire parler de lui à tout prix. La plupart des commentateurs voient dans ces faits un revers décisif, censé compromettre la suite de sa carrière.
Sur la forme, il n'est pourtant pas le premier à s'être fait piéger par un enregistrement. Manuel Valls, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, M. Macron lui-même, ont connu de telles mésaventures. Dans un univers sans foi ni loi, chaotique, privé des repères de l'honneur et de la morale, la légèreté dont il semble avoir fait preuve est difficilement compréhensible pour un homme politique expérimenté. Quant à la suspicion d'avoir lâché ces propos en pleine conscience qu'ils seraient diffusés, elle paraît totalement déplacée : pourquoi dès lors tenir de telles paroles sur Nicolas Sarkozy dont il a dû s'excuser?
En vérité, plus que la maladresse de Laurent Wauquiez, l'exploitation qui en est faite est le reflet d'une nouvelle phase de déliquescence de la vie politique française dont la décomposition s'accélère. Cet événement et les proportions absurdes qu'il a prises reflètent la faillite générale d'un monde politico-médiatique obnubilé par le cirque politicien.
De sinistres craquements menacent tout l'édifice. Les déboires de M. Wauquiez vont de pair avec la vertigineuse chute de la popularité présidentielle (35% de satisfaits - Ipsos), malgré une conjoncture internationale plutôt favorable, signant l'échec d'une conception de la politique axée, de quinquennat en quinquennat, sur le culte de l'image personnelle et l'obsession de la communication. Le pouvoir en place, déchiré entre ses contradictions -vernis droitier et quintessence d'une politique socialiste de matraquage fiscal, contraintes économiques, hausse de l'immigration, déclin de l'autorité de l'Etat, nivellement scolaire par le bas - est condamné à un dramatique échec. La gauche socialiste et communiste n'en finit pas de se désintégrer. Au Front national le syndrome du " changement de nom " est celui d'un parti aux abois et entraîné comme les autres dans une grande vague de néant. Un an après la déflagration de 2017, la vie politique française poursuit son effondrement. Il n'en reste qu'un tas de ruines et pour l'instant, aucun signe de redressement possible.
Elle n'est plus qu'anecdotes, polémiques, coups médiatiques, guerres des ego narcissiques, obsession carriériste, culte des sondages. Dévoyée, détournée de ses objectifs, la politique française, comme un vaisseau fantôme, ne cesse de s'éloigner du débat d'idées et de la notion d'intérêt général. Les questions thématiques n'existent qu'à travers les annonces factices et bruyantes et les calculs démagogiques par exemple sur le " service universel ". Les grandes questions vitales pour l'intérêt de la nation paraissent définitivement enterrées: le renouveau de la démocratie, la refondation de l'Europe, la crise migratoire européenne, la lutte contre la fragmentation de la France et le communautarisme, la restauration de l'autorité de l'Etat contre la violence galopante, la compétitivité industrielle, le rétablissement de l'intelligence collective par l'école...
83% des Français ont une vision négative de la politique (cevipof janvier 2018) et l'abstentionnisme bat tous les records (80% aux législatives partielles). Le dernier psychodrame autour de M. Wauquiez n'est pas de nature à réconcilier les Français avec la politique. La décomposition de la politique française se poursuivra tant que les questions de personnes et les intérêts particuliers, matériels et de vanité, l'emporteront sur les enjeux fondamentaux de la démocratie et le bien commun du pays. Jusqu'où la chute peut-elle perdurer? Dans l'état de déconnexion qui caractérise la classe dirigeante ou influente, on ne voit hélas guère aujourd'hui qu'une grave crise de société ou internationale pour entraîner une prise de conscience.
Maxime Tandonnet
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