Magazine Journal intime

et j'entends siffler le train...

Publié le 04 juillet 2008 par Tazounette

et j'entends siffler le train...
Mes filles partent en train pour le sud de la France, dimanche matin. Départ vers 10h du matin de Lille. Réveil tôt, puis route, puis les monter à bord et regarder le train s’éloigner emportant avec lui mes deux trésors que je ne reverrais que 6 semaines plus tard…

Demain, je pensais profiter une dernière journée de mes merveilles avant d’aller chercher ma belle-maman qui le lendemain accompagnerait mes amours vers leur lieu de vacances.
C’était sans compter sur le papa.

Qui une nouvelle fois, deux jours avant demain a chamboulé tout mon programme, s’est immiscé dans mon organisation puis avec ses larges épaules a pris ma place sur la journée de demain.


Le papa que j’ai tanné durant les deux week-ends précédents pour qu’il les prenne un peu, que nenni, il attend ma dernière journée pour avoir lui, le loisir d’en profiter !
Il sait que je ne l’empêcherais pas. Il sait que ça fait plus d’un mois qu’il ne les a pas vues, il sait que moi je ne pense qu’à mes filles, il sait que je veux plus que tout qu’elles profitent de lui.

Encore une fois j’ai la sensation désagréable qu’il me marche dessus… Toujours, que je pense toujours à lui, au lieu de moi…

Je n’ai plus qu’à compter en minutes les instants qu’il me reste à profiter d’elles. J’ai les larmes au bord des yeux à l’idée de ne pas les voir demain, à l’idée de les lui donner, à l’idée de faire de sa venue une surprise pour elles pour qu’il ait une fête, qu’il voit l’amour qu’elles lui portent.

Pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi je veux tellement qu’elles aient une si belle image de lui ? Est-ce que je culpabiliserais encore du choix que j’ai fait de partir ?

Est-ce que ça me poursuivra donc toujours ?

Je songe à l’article de Sandra (lire ici) à propos des pères et mères indignes…

Pourquoi une mère a des attentes quant au père que le géniteur doit être ? Pourquoi voulons-nous absolument le changer s’il n’est pas tel qu’on le voudrait ? D’où est-ce que ça nous vient ?

Je m’efforce de regarder la place du père avec les yeux de mes filles. Elles n’ont aucune attente, à leur âge ! Elles accueillent à bras ouverts ce qu’il leur donne, même si c’est peu, même si ce n’est pas parfait… Elles le regardent avec des papillons dans les yeux, pensent qu’il est parfait, merveilleux…

Je m’efforce de me dire qu’elles ont raison.


Et pourtant je lui en veux tout le temps de ne pas les faire passer avant lui-même. De ne les prendre que lorsqu’il n’a « rien d’autre de prévu » et pourtant quand pour une fois il le fait, c’est au mauvais moment pour moi…

Le fait-il exprès ?

Demain, je sais qu’il va venir, que je vais jouer à la mère heureuse de voir le père s’intéresser à ses filles. Je vais jouer un rôle. Je vais mettre un masque pour cacher une nouvelle fois ma colère, pour cacher ma tristesse.


Que vais-je devenir sans elles pendant 6 semaines ? Sans mes amours ? Sans leurs petits bras qui m’enserrent ? Sans leurs « je t’aime, maman » ? Sans leurs sourires, leurs baisers, leurs cris, leurs pleurs, leurs joies et leurs peines, leurs jeux et leurs disputes…

Tout à l’heure, après les avoir sorties de la voiture, alors qu’on regagnait la maison, elles se tenaient l’une près de l’autre sur le trottoir, et, sans que ce soit ni préparé ni demandé, elles se sont prises par la main. Et ce petit geste si naturel et spontané m’a mis du baume au cœur. Tous les jours je regarde les preuves qu’elles n’auront jamais à souffrir des mauvais rapports que j’ai eus avec ma sœur, que leur vie sur ce point là sera différente.
Puis je prends du recul, je regarde mon travail pour elles depuis le mois d’août dernier, lorsque au fond du trou j’ai pris la décision de venir ici, et je suis enfin fière de moi. Je suis fière grâce à elles. Grâce à leur façon d’être, à leur façon d’être un miroir pour moi. Je lis en elle et j’ai toutes les réponses à ma vie.

Ce sont elles, mes guides. Mes presque jumelles.

J’ai peur de m’égarer, après-demain matin quand mes chéries seront dans le train en route vers un peu de liberté.

Comme elles vont me manquer.

Et cette terrible sensation qui me poursuit que je n’aurais pas le temps de leur dire au-revoir avant d’entendre le sifflet du chef de gare et de voir les portes du train se refermer sur mes amours…

Mes si petits bouchons, mes si petites essentielles à ma vie qui regorgent d’amour et de confiance…

Si vous saviez comme maman vous aime, comme maman n’est rien, presque rien sans vous, mes lumières…


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