Cazotte et le Diable Amoureux - Des Secrets d'Initié... - 2/,-

Publié le 04 mars 2018 par Perceval

En 1772, la publication du Diable amoureux, fait de Jacques Cazotte ( 1719 -1792) un auteur à la mode.

Dans son roman, Cazotte s'amuse à faire étalage de pratiques magiques... Il décrit comment les forces du Bien, peuvent triompher du Mal.

C’est à cette même date qu’il fait la connaissance de la marquise de Coislin (1732-1817) qui, après avoir été maîtresse royale de Louis XV (1757), quitte alors la Cour poussée par Mme de Pompadour et entreprend un voyage à travers l'Europe, durant lequel elle devient, entre autres, la maîtresse du roi Gustave III de Suède (francophile, adepte de la philosophie des Lumières) , ainsi que du tsar Pierre III de Russie.

Marie-Anne de Mailly-Rubempré, marquise de Coislin

En 1771, elle perd son mari, le marquis de Coislin, maréchal de camp. Elle est devenue aussi une disciple de Louis-Claude de Saint Martin. Saint-Martin (1743-1803), appelé le '' Philosophe Inconnu '' est de petite noblesse, après un essai dans la magistrature, il choisit la carrière militaire pour avoir le temps de poursuivre ses études ésotériques...

Par l’entremise d’un de ses amis du cercle des officiers, le capitaine de Grainville, Saint-Martin est admis en Franc-maçonnerie et dès 1765 dans '' l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns ''…

Lors de son séjour à Strasbourg (1788-1791), il y fait la rencontre primordiale de Mme de Boecklin (ou Böcklin) qui lui révèle la philosophie de Jacob Boehme... On voit la place des femmes dans cette aventure théosophique … ! Entre eux naquit d’ailleurs une précieuse relation, où était constamment présente la pensée et les idées de Jacob Boehme. Pendant toute la durée de son séjour à Strasbourg, Saint-Martin ne passera quasiment pas une journée sans s'entretenir avec sa « chère B. » à propos des thèses théosophiques enseignées par leur maître.

C'est donc vers la fin des années 70, que Jacques Cazotte approfondit les idées de Saint-Martin, grâce à une femme encore : Madame de la Croix, jeune épouse du Marquis de La Croix, puis jeune veuve...

Madame la marquise de la Croix, née mlle de Jarente, 1768

Madame de la Croix ( Félicité-Geneviève-Elisabeth de Jarente ) a, comme il est coutume de le dire, un '' certain vécu ''. Elle possède une ''beauté romaine'', née en 1720 et fille du marquis de Sénas , et mariée très jeune au marquis de la Croix, en place à Madrid comme officier général qui la laisse, on ne sait pourquoi à Avignon, où elle devient la maîtresse de monseigneur Acquaviva, vice-légat, par lequel elle gouverne et est reconnue comme ''la despote d’Avignon'', alors enclave pontificale. Comme elle aime à gouverner, elle rejoint son mari, lorsqu’il est nommé Vice-roi en Gallice. Après la mort de son mari, elle vient s’établir à Lyon où elle tombe gravement malade. Elle est finalement sauvée – dit-elle, par les '' opérations magiques'' des disciples de Martinez de Pasqually. Après sa guérison, elle s’installe à Paris, place du Carrousel, où elle ne vit plus, désormais, qu’entourée de magiciens, d’alchimistes et d'aussi autres charlatans… Elle s’exerce également à pratiquer la magie l'occultisme, et des exorcismes....

Joachim Martinès de Pasqually (1727-1774)

Madame de la Croix accueille chez elle le Philosophe Inconnu, qui cependant lui refuse l'admission dans l'Ordre ; et lui présente Cazotte...

« Une femme âgée, grande et majestueuse, la marquise de la Croix, veuve d’un grand seigneur espagnol, faisait partie de la famille et y exerçait une influence due au rapport de ses idées et de ses convictions avec celles de Cazotte. C’était depuis de longues années l’une des adeptes de Saint-Martin, et l’illuminisme l’unissait aussi à Cazotte de ces liens tout intellectuels que la doctrine regardait comme une sorte d’anticipation de la vie future. Ce second mariage mystique, dont l’âge de ces deux personnes écartait toute idée d’inconvenance, était moins pour Mme Cazotte un sujet de chagrin, que d’inquiétude conçue au point de vue d’une raison tout humaine, touchant l’agitation de ces nobles esprits. Les trois enfants, au contraire, partageaient sincèrement les idées de leur père et de sa vieille amie. » de Gérard de Nerval '' les Illuminés'' 1852

Ce serait vers 1775, que Cazotte, ses deux fils et sa fille devinrent membres de l'ordre martiniste...

Au bout de trois ans, il donna sa démission et poursuivit sa recherche spirituelle personnelle ; plus soucieux de prières et de réflexions personnelles que de rites magiques, dit-on. De plus il ne partageait pas la sympathie de Claude de Saint-Martin pour le courant révolutionnaire.

A suivre ...