Revenons en arrière, pour comprendre que dans l'idée de J.L. de La Bremontie, ce lien de la maçonnerie avec les templiers peut se justifier.
D'abord, il nous faut remonter jusqu'à Roger de Laron, ( bien connu sur ce site …), ancien templier et qui a laissé à ses descendants localisés à Saint-Julien le Petit ( château de Laron) un ''trésor'' contenant divers documents, dont les armoiries du seigneur de Laron, qui sont '' Une escarbouche à six raies pommetées ''. Un lettré du même bourg, le sieur Chaumény, expliqua à Jean-Léonard, la signification particulière de ce blason...
Jean-Léonard ( élève des jésuites …) sait déjà que le ''meuble héraldique'' qu'est l'escarboucle, vient du latin 'carbunculus' qui signifie ' petit charbon ', sous-entendu charbon ardent, rougeoyant.
Selon les légendes médiévales, l’escarboucle est la pierre que portent au milieu du front les dragons , les vouivres, et les Licornes ( sous leur corne).. Elle est aussi l'émeraude tombée du front de Lucifer. De cette Émeraude, on fit le vase du Graal ( voir Parzival de Wolfram von Eschenbach). La licorne ( avec sa pierre) attirée par les vierges, ou la vierge portant le Graal : c'est le même schéma … Avec l'escarboucle de couleur vermeille, rouge sang, déposée au fond du Graal, on a le but de la Quête …
En alchimie, l'escarboucle évoque la ''rubification'' alchimique, équivalent de la Pierre philosophale puisque doté de propriétés régénératrices.
Enfin, l'escarboucle est un symbole templier ; et il est intéressant de l'observer sur l'écu des Gémeaux ( à voir avec les 2 templiers sur un cheval …) sur la façade occidentale de la cathédrale de Chartres...
Le chevalier de Ramsay (1686-1743), né en Ecosse, se convertit au catholicisme en 1709, auprès de Fènelon et de Madame Guyon.. Ecrivain, philosophe, il est initié franc-maçon à la Horn Lodge le 16 mars 1730.
Le 26 décembre 1736 à la loge de Saint-Jean, Ramsay, comme « grand orateur de l'ordre », prononce un discours qui devient l’un des textes fondateurs de la franc-maçonnerie française.
Il y fait la maçonnerie héritière des ordres chevaleresques de l'époque des croisades.
Au coeur du siècle des Lumières, une fois arrimée à la franc-maçonnerie, l’idée templière va se déployer dans l’univers des loges. La plupart des Rites maçonniques font de l’ordre du Temple la clef de voûte de leur système symbolique.
Par ailleurs, beaucoup de frères des Loges maçonniques affirment que quelques chevaliers avaient échappé à la persécution et s’étaient réfugiés dans la lointaine Écosse..
Karl Gotthelf von Hund, un noble saxon, fondateur du mouvement de la « stricte observance » raconte qu'après l’exécution de Jacques de Molay, Pierre d’Aumont, commandeur d’Auvergne, et sept autres chevaliers déguisés en maçons auraient récupéré les cendres du grand maître en jurant de venger l’ordre. Aumont se serait ensuite réfugié sur l’île écossaise de Mull, avant d’être désigné comme grand maître le 24 juin 1315, de la loge Heredom qu'il aurait fondé..
Les Templiers auraient survécu jusqu’au XVIIIe siècle sous le voile de la franc-maçonnerie. Le mythe de la survivance secrète des Templiers est né. C’est ainsi que quelques siècles après sa disparition, l’ordre des Chevaliers du Temple va connaître un destin aussi légendaire que fabuleux, et le mythe de la survivance secrète des Templiers, d’origine exclusivement maçonnique, a connu en trois siècles une diffusion dépassant largement l’univers des Loges.
Ainsi, dès 1737, on peut lire dans un gazetin : « Il s’est établi à Paris un nouvel Ordre qui vient d’Angleterre et qu’on nomme […] Francs-Maçons. C’est un serment de fidélité que se font ceux de cet Ordre […] et qui est à peu près comme l’Ordre des Templiers ». En 1746, L’Examen de la Société des francs-maçons… explique que « Les francs-maçons ont, comme les Templiers, des points tellement essentiels et secrets parmi eux qu’ils aimeraient mieux perdre la vie que de les découvrir ».
En France, le Rite Ecossais Rectifié, est une version de la la Stricte Observance Templière, née en Allemagne..
Lors du Convent de Wilhelmsbad (16 juillet – 29 août 1782), la légende d'un ''conseil suprême de Supérieurs Inconnus'' des Rose-Croix, n'est pas retenue; mais, il se forme à la place d'un ordre du Temple reconstitué : le Régime Écossais Rectifié dont les prieurés sont calqués sur l’organisation médiévale, et son degré terminal Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (CBCS) est un grade plus chevaleresque que maçonnique.
Le « Discours inaugural » des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte commence ainsi : « Trois de nos ancêtres, possédant le grand secret, trouvèrent le moyen d’échapper aux recherches générales et particulières que l’on fit contre eux. Ils errèrent dans les bois et les montagnes, de royaume en royaume ; enfin ils se retirèrent dans des cavernes proches de Herdown en Écosse où ils vécurent, servis et secourus par les chevaliers de Saint-André du Chardon, les anciens amis et alliés des Templiers. Ces trois Templiers firent une nouvelle alliance avec les chevaliers de Saint-André… ».
Une reliure maçonnique du marquis de Paulmy de 1777
.Tout ceci est dans l'air du temps ; un air que respire J.L. De la Brémontie, dans sa bibliothèque – celle de l'honnête homme – avec des ouvrages comme l’Amadis de Gaule, l’Histoire du Chevalier du Soleil, l’Histoire de Bertrand du Guesquelin, mais aussi l’Histoire de Malte de l’abbé Vertot… Chacun se consacrant en grande partie aux Templiers … Nous en reparlerons ...
A suivre ...