Magazine Journal intime

Fyfe et Davina (4)

Publié le 25 juin 2007 par Fyfe
Vous avez l'impression que ma vie n'est plus faite que de cloub de sport ?
Dites vous que c'est presque vrai, parce que le reste de temps je travaille ou je dors, youpi-youpla.
Du coup, le cloub, je le remercie de me sortir de ce marasme ambiant.
D'ailleurs, mon premier cours collectif j'y suis allée avec moulte enthousiasme.
J'avais vu les affiches dans le cloub pour le lancement d'un nouveau cours, ça donnait ça :

Oui, oui, un cours total made in USA par un fabricant de baskets par nenfants, une chorégraphie élaborée par une super star améwicaine qui s'occupe personnellement des clips vidéos des stars...
Vous vous doutez que ça m'a intriguée...
Et puis bon, j'ai 25 ans de danse derrière moi : classique, contemporain, moderne, jazz, danse africaine, danses latines, bref, j'ai déjà suffisamment tout testé pour savoir que le ridicule ne tuait pas.
Oui, bon, certes, j'ai bien conscience qu'il va s'agir de bouger mon corps façon Shakidonna (50% Shakira; 50% Madonna) et que je vais devoir m'asseoir sur ma dignité de fille intellectuelle qui réfléchit au pourquoi du comment de ses mouvements chorégraphiés.
Là, le pourquoi du comment, ça va se résumer à faire la pouffe, point.
Mais quitte à faire la couillonne dans une salle de sport pour bouger mes fesses, autant le faire avec une vraie "chorégraphie", ça sera peut être moins pénible que la version Véronique et Davina, non ?
Sans compter que j'ai toujours rêvé de danser avec ma chevelure flottant au vent du ventilateur comme les filles des photos. Et avoir le même corps aussi, et ça, c'est bien le principe de base du cloub, non ?
Bref, je me suis lancée.
Un peu angoissée quand même.
Le petit écriteau sur la porte de la salle ne m'a pas franchement rassurée : "Blabla... Travaux d'insonorisation... Blabla.... Problèmes de voisinage persistent.... Blabla... MERCI DE NE PLUS POUSSER DE CRIS".
Euh.... Des cris de joie ? De douleur ?
Finalement, je ne suis plus très sûre de mon choix, là, un bon vieux Gym Tonic me semble plus approprié à mon niveau.
Nan mais allez, j'suis pas une poule mouillée, hein, même pas peur, les filles qui attendent avec moi devant la porte ne ressemblent pas franchement aux filles des affiches non plus, hein, alors par le pouvoir de la force ancestrale shakidonnienne, j'vais y arriver.
A peine entrée, la prof m'a repérée : "Ouh la la, y a des nouveaux !! J'vous préviens, ça va être dur, ça fait deux mois et demi qu'on travaille la chorégraphie et on la fait à 200 à l'heure !!"
Shakidonna, donne moi ta force et ne me lâche pas, c'est pas le moment...
Le cours commence, et je m'aperçois que 25 années de danse ne m'ont pas préparée à "ça".
Au bout de 3 minutes, je suis assez fière de réaliser un mouvement sur deux (25% de Shakira, 25% de Madonna en moi, yeaaaah, je suis trop une demi-pouffe et j'assume).
Au bout de 10 minutes, ma mémoire est saturée, je capte un mouvement sur dix, et je me dis qu'un vingtième de Shakira et un vingtième de Madonna, ce n'est pas si mal (reste 9/10 de ridiculitude en moi, que j'assume bof)
Tout s'enchaîne, je ne capte que des flash de chorégraphie.
Tiens, là, on fait semblant de fouetter quelqu'un, tiens, là, c'est mes propres fesses que je dois faire semblant de fouetter, mon dieu mais est ce possible d'avoir un bassin aussi lassif ? Combien d'années de purgatoire ce genre de pouffitude va me coûter ?
Je note que la prof est une espèce de sadique qui prend plaisir à me voir ramer.
Je jette un oeil aux autres Shakidonnas du cours et j'étouffe un rire. Ouais, bon, certes, elles connaissent la chorégraphie, mais alors bon, niveau style...
Vous voyez Josiane Balasko qui fait la majorette dans "Tenue de soirée" ?
Ben voilà à quoi on ressemble, toutes autant qu'on est, alors que la prof, elle a vraisemblablement mangé Britney Spears au petit déjeuner.
C'est sa vengeance, j'en suis sûre. Elle nous démonstrationne ici et maintenant qu'on a la grâce et la sexitude de phoques échoués sur la banquise qui tenteraient une danse du ventre pour draguer une baleine.
Elle peut se le permettre, car nous, dans la salle, les jeunes cadres dynamiques friquées (ben oui c'est CHER le cloub, je le redis), avec notre bac + 5 en cadenas à code, on s'est pas privées de rigoler à l'accueil. Mais pas là, j'vous l'dis. Mange ton égo et accroche toi.
Je commence à me demander si le coup du cadenas, c'est pas juste pour faire passer la pilule de l'humilation, une manière de rééquilibrer le rapport de force vous voyez.
Pour finir, on doit danser par petits groupes devant les autres. Hum. C'est vraiment stratégique leur truc. Je comprends bien qu'il est question de nous filer une honte intersidérale telle qu'on n'osera pas remettre les pieds au cloub alors qu'on a payé pour les trois prochains mois.
En même temps, c'est mal me connaître, parce que la honte, moi, c'est un peu ma coupine quotidienne.
Alors oui, je reviendrai faire ma Shakidonna jusqu'à ce que mes cheveux volent au vent au lieu d'être collés à ma figure rougie et poisseuse de sueur.
Shakidonna entrera dans mon corps, qu'elle le veuille ou non, j'en fais désormais une affaire personnelle.
Shakidonna, c'est entre toi et moi maintenant.

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