[SEE NOW THESE BERRIES DARK]
See now these berries dark along the hedge
Hard as black withered blood drawn long ago
Whose sap is frozen dry; a windy sedge
Hides field from ashen field, pale lapwings go
Whining above the heath, and floods are out
Over the meadows clasped in frigid lace
Of wintry avenues, ringed and fenced about –
His life is a place like this, just such a place.
For him no house, but only empty halls
To fill with strangers’ voices and short grace
Of passing laughter, while the shadows’ lace
Creeps from the fire along dismantled walls,
Uncertain tapestry of altering moods—
Only the sunset’s hour, the solitudes
Of sea and sky, the rain come with the spring;
Dark winds that gnarl the olive trees, and moan
Against the shuttered brain that thrills alone
Each night more racked by its adventuring.
Nancy Cunard, Parallax [printed and published by Leonard and Virginia Woolf’s Hogarth Press, London, 1925. First edition].
[VOYEZ CES BAIES SOMBRES]
Voyez ces baies sombres le long de la haie,
Dures comme du vieux sang noir tiré il y a longtemps,
À la sève gelée desséchée ; le carex agité par le vent
Cache la terre du champ couleur de cendre, de pâles vanneaux
Survolent la lande en geignant, et l’eau inonde
Les prairies corsetées dans une dentelle glaciale
D’avenues hivernales, entourées, clôturées—
Sa vie ressemble à cela, précisément à cet endroit-là.
Pour lui, pas de maisons, juste des salles vides
À remplir avec des voix étrangères, et la grâce éphémère
D’un éclat de rire, tandis que la dentelle des ombres
Surgies du feu se répand sur les murs effondrés,
Tapisserie hasardeuse d’humeurs changeantes—
Rien que l’heure du couchant, les solitudes
De la mer et du ciel, la pluie qu’apporte le printemps ;
Des vents sombres qui nouent les oliviers, et heurtent
En gémissant les volets du cerveau qui tressaille,
Chaque soir plus taraudé par les risques auxquels il s’expose.
Nancy Cunard, Parallaxe, suivie de poèmes extraits de Hors-la-loi et Sublunaire, Les Nouvelles Éditions Jean-Michel Place, Collection Or-la-loi, octobre 2016, page 39. Traduction de Dorothée Zumstein. In Les Carnets d’Eucharis, mars 2018, page 82.
NANCY CUNARD
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur CCP, Cahier critique de poésie) une note de lecture de Patrice Corbin sur Parallaxe
■ Voir encore ▼
→ le site des Carnets d’Eucharis
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