Quelle journée enrichissante, passionnante, pleine de découvertes et de réflexions ! C’était la première fois que j’y assistait, et je ne pensais pas que ce serait si riche.
Avant tout, merci. Merci à celles et ceux qui l’ont organisé, et à celles qui sont intervenues. Surtout à ces dernières, d’ailleurs, pour leurs témoignages, leur courage, leur bienveillance, leur énergie, leur lucidité, et leur construction du monde de demain. Je suis admirative de toutes les initiatives découvertes aujourd’hui.
Comme je n’ai pas le don d’ubiquité, je ne pourrais parler que de celles que j’ai écouté, puisqu’il y avait des sessions en parallèle. Mais je trouvais important, alors que tout ceci est encore bien frais dans ma tête, de les partager ici. Parce que ce sont des femmes formidables et des femmes résolues.
Il y a eu d’abord les championnes de France de corde à sauter, ou plutôt de Double Dutch, juste bluffantes.
Puis j’ai découvert Brigitte Grésy, qui a parlé d’égalité femmes / hommes de manière limpide, dynamique, avec de vrais constats : les politiques publiques, les stéréotypes, le sexisme, le harcèlement, la discrimination, tout y passe. Le ton de la journée est donné. Elle aborde aussi la nécessité d’une vigilance collective et individuelle, de la sensibilisation et de l’écoute. J’ai aimé les deux illustrations d’Elise Gravel en fin d’intervention.
J’ai aimé écouter Éliane Viennot, professeur émérite de littérature française, brossant la frise historique de toutes ces fois où les femmes ont été écartées des savoirs communs, en faisant croire que les femmes n’ont pas marqué l’Histoire. Des noms, des actes, et des dates qu’il faut travailler à faire ressurgir.
Et puis, première découverte d’une initiative extra : App-Elles. Une application créée par Diariata N’Diaye pour smartphone (pas encore sur iPhone comme elle me l’a expliqué, pour des raisons de développement car les fonctionnalités prévues ne sont pas gérées de la même manière par Apple, même si son équipe travaille dessus). Cette appli est totalement gratuite et s’adresse aux femmes et aux filles, pour alerter les proches en cas de violences (il permet de prévenir des tiers de confiance en cas d’agression), mais aussi pour en parler, et pour agir. Elle vient même de lancer le bracelet connecté, avec le même principe d’alerte, grâce à un financement participatif. Elle est aussi présidente de Resonantes, une association nantaise contre la violence faite aux femmes. Une femme inspirante.
Puis deuxième découverte d’une initiative prometteuse. Marie Kerbrat est à l’Ecole de design de Nantes, et pour son projet de Master, elle a choisi de développer un jeu autour de l’égalité femmes / hommes. Elle s’invite dans le quotidien du foyer, et dans le partage des tâches rébarbatives de manière ludique avec un système de cartes et de points à compter. Il sera bientôt proposé à la vente.
Et là, grande claque. J’avais vaguement entendu parler de Paye ta Schnek. Sauf que je ne savais pas vraiment ce que c’était. J’ai donc découvert Anaïs Bourdet, la créatrice de ce blog qui compile toutes les phrases sexistes, insultantes, tout le harcèlement que les femmes lui rapportent. Pour que les langues se délient, pour que les femmes se sentent entendues. Mais aussi pour faire prendre conscience de la violence des propos dans un sexisme ordinaire, quelque soit l’âge, l’apparence, la couleur de peau, et j’en passe. Nous en avons eu quelques extraits. Franchement, c’est violent. C’est sidérant. On a du mal à les lire à voix haute, alors penser que des hommes ont osé dire cela en public ! Et ce qu’elle subit pour dénoncer cela l’est tout autant. Car elle se fait harceler parce qu’elle dénonce le harcèlement. Honnêtement, j’avais envie de la prendre dans mes bras, juste pour contrebalancer avec un peu de douceur tout ce déferlement haineux qu’elle subit. Mais là où je suis encore plus admirative, c’est qu’elle trouve le moyen de transformer cette énergie détestable et négative en action positive : en graphiste de métier qu’elle est côté pro, elle utilise les insultes qu’elle reçoit pour en faire des linogravures. Et elle les vend, afin de reverser une partie des bénéfices à sept associations d’aides aux femmes. Chapeau bas. Une leçon de psychologie positive qui décroche la mâchoire.
J’ai ensuite découvert l’initiative de Salwa Toko avec Wi-Filles. La question de départ pourrait être résumée ainsi : « La programmation informatique a été créé par une femme. Les bases du Wifi et du GPS ont été créées par une femme. Où sommes-nous passées ? » Le principe ? Éduquer, inspirer les jeunes filles pour accéder aux métiers de l’informatique, du web et du numérique. Elle a mis en place un programme unique d’initiation réservé aux filles pour sortir des préjugés. Parce qu’en formant des collégiennes et des lycéennes en ambassadrices des filières informatiques, elle prépare aussi le futur économique des entreprises et de la parité. L’ambition, impulsée par sa présence, est de créer une promotion en 2019 à Nantes, territoire hautement Tech. Pour ma part, j’ai appris à coder (Basic et C++ dans mes jeunes années, puis HTML, php et CSS qui me servent encore aujourd’hui) uniquement par curiosité intellectuelle, parce que je voulais savoir « comment ça marche ». Donc je soutiens totalement ce qu’elle dit : pas besoin d’être une brute en math pour ça, et ce n’est pas réservé uniquement aux hommes.
Intermède comique avec Olivia Moore, qui aborde le sujet de la place de la femme dans la société avec un humour acide et décapant.
J’ai ensuite été touchée par Mariame Tighanimine et son témoignage simple et honnête sur le regard jugeant, et sur les contradictions comportementales au quotidien et qui font perdurer le sexisme. Elle parle du voile et de la femme musulmane avec décontraction, en racontant son expérience, et cela fait réfléchir. Cela m’a rappelé Joy Anciot, à côté de qui j’avais témoigné au Salon des entrepreneurs, qui a créé sa propre affaire dans le quartier Bellevue à Nantes, plutôt que de subir des discriminations face à son voile (et son jeune âge au moment où elle s’est lancée).
Puis, j’ai découvert la pub sous un autre jour. Avec Christelle Delarue, à la tête de l’agence de pub féministe et indépendante Mad&Woman, on prend conscience de l’image véhiculée par toutes ces pubs créées par des hommes (à 97%). Les exemples qu’elle nous montre sont parlants : les femmes y sont superficielles, aux mensurations parfaites, ne savent pas conduire, etc. Elle invite à passer au femvertising, où la pub, en plus d’être féministe, s’accompagne d’un réel engagement de l’entreprise. Et il y a déjà des premiers exemples encourageants.
La journée touche à sa fin… C’est Audrey Pulvar qui monte à sont tour sur scène dans un parallèle instructif entre le combat pour l’égalité femmes / hommes et la lutte contre le changement climatique. Il faut donc changer de mode de vie pour mettre en œuvre des actions répondant à la réalité de notre monde. Et surtout, merci à elle pour les messages qu’elle a véhiculé. D’abord, celui de la responsabilité personnelle, chère à mon cœur dans mon métier de dynamisatrice, car nos actes s’inscrivent dans le monde dans lequel nous vivons. Ils ont un impact sur nous-mêmes mais aussi sur les autres qui nous entourent : « je ne suis pas là pour culpabiliser mais pour appeler à la responsabilité de chacun. Il faut se poser quotidiennement la question de la relation à ce que possédons face à la relation à l’autre. C’est à ça qu’il faut réfléchir. » Elle invite à essayer de faire appel à ce que nous avons de meilleur en chacun de nous, dans un message empreint de positivisme. Parce que la solidarité, c’est aussi cela : tendre la main à l’autre, ne pas être égoïste et egocentré, réaliser que nous sommes tous sur la même planète — planète qui risque de prendre trois degrés ou plus dans les prochaines années si on ne réalise pas l’urgence de la situation.
J’ai écouté avec intérêt, pour finir, la maire de Nantes. Johanna Roland s’est exprimée sur la place de la femme dans la ville et ses services lorsqu’elle a été élue, et de ses actions. Elle a ainsi parlé de la mise en place d’un centre de consultation post-traumatique pour les femmes victimes de violences. Un manière concrète, aussi, de montrer ce que les pouvoirs publics peuvent mettre en place.
Parce que, malgré tout, la plupart des initiatives et des engagements découverts tout au long de la journée ne tiennent, la plupart du temps, que grâce à des financements privés. Je salue donc d’autant plus le courage de toutes ces femmes, et des hommes aussi qui œuvrent avec elles. J’ai appris beaucoup de choses pendant ce Printemps des Fameuses, j’ai été touchée, étonnée, bouleversée, amusée, secouée, intéressée. Alors, encore une fois, merci à tous celles et ceux qui ont contribué à cette formidable journée.