Nikki, apparaît lors d'un flash-back où elle interprète en guest star Corvette, une troisième enquêteuse/stripteaseuse. Elle interrompt sa lapdance lorsqu'elle aperçoit M. LaShade entrer dans son bureau avec une valise métallique. Elle entre à son tour et découvre qu'il s'agit du Cobra, le « méchant » de la série. Elle assomme le garde du corps mais M. Lashade la tue d'une balle en pleine poitrine. Il ne fait pas bon être une guest star dans Lost car le personnage de Nikki ne survivra pas non plus à cet épisode 14.
Nikki jouant le rôle de Corvette dans la série Exposé.
Bon, mon idée n'est pas de raconter par le menu cette histoire, une parmi tant d'autres dans cette série intrigante, mais de vous dire qu'un détail m'avait interpellé : le nom du méchant de la série fictive, Le Cobra. Tout simplement parce que c'était aussi le nom de l'un des protagonistes de Tiens ferme ta couronne, le roman de Yannick Haenel. Le gaillard apparaît au chapitre 9 de la première partie qui porte son nom : Guy "le Cobra". Il tient une boutique de vidéos dans la rue des Pyrénées. "On l'appelle ainsi, écrit Haenel, à cause du tatouage sur son bras gauche ; c'est un grand type à la dégaine de rocker fatigué, tout en noir, qui connaît l'histoire du cinéma dans les moindres détails : si vous cherchez tel obscur western français avec Jean-Pierre Léaud, non seulement il vous dira qu'il s'agit d'Une aventure de Billy le Kid de Luc Moullet, à coup sûr il l'aura vu et vous gratifiera d'une analyse qui vous fera saliver d'impatience, mais en plus il vous en trouvera un exemplaire, et si vous n'avez pas d'argent sur vous, ce qui arrivait souvent, il vous le prêtera."Le personnage réapparait au chapitre 27, alors que le narrateur est dans son havre habituel, le café des Petits Oignons :"Il était en grande forme : on venait de lui livrer un stock énorme de Bergman, de Tarkovski, de Resnais, ça changeait ds comédies françaises débiles qu'il vendait par caisses entières." Guy "le Cobra" lui offre une bière (qu'il accepte avec joie) et les voilà partis à converser sur Coppola, Cimino ou Werner Herzog. Le narrateur cite Lacan qui "définit à la fois le héros comme celui qui ne cède pas sur son désir et celui à qui on a fait du tort : n'est-ce pas la définition de Fitzcarraldo ?" (comment ne pas penser en lisant ces mots à Arnaud Beltram, le gendarme à qui un hommage national a été rendu ce matin-même aux Invalides ? et curieusement, la scène avec Guy "le Cobra" est censé se passer le soir-même des attentats du Bataclan).
"Guy est monté dans sa camionnette et s'est éloigné. J'ai allumé une cigarette. Le banc, le marronnier, le rebord du trottoir formaient un triangle parfait. Et si je m'installais là ? Il est possible à tout instant de tout reprendre : il suffit d'une figure propice, et la géométrie nous sauve. Oui, ce triangle me plaisait : banc-feuillage-trottoir, c'était idéal - ce qui a lieu sous un arbre relève toujours du sacré." (pp. 255-256)Un triangle, oui, c'est cela qu'il me fallait aussi, les grandes choses vont par trois. Et c'est bien une troisième apparition du cobra à laquelle j'assistai ce même jour, ce 16 mars 2018.
C'était le dernier jour pour voir sur Mubi le film Sailor et Lula de David Lynch. Je l'avais raté au cinéma quand il avait reçu la Palme d'Or à Cannes en 1990, et je ne l'avais jamais vu, moi qui suis pourtant un grand fan du cinéaste de Lost Highway ou Mulholland Drive. Pour en connaître l'essentiel, rien de mieux que de s'offrir le résumé en cinq minutes chrono dans Blow Up :
Premier indice : cette fameuse veste en peau de serpent de Sailor (Nicholas Cage), la même, remarque Luc Lagier, que celle de Brando dans L'homme à la peau de serpent. C'est selon le personnage lui-même, le symbole de sa liberté, de son identité personnelle. Un site en langue portugaise parle clairement de veste" en peau de cobra : "Sailor, com seu casaco de couro de cobra – “símbolo da sua crença na liberdade individual”, conforme ele diz (...)"
Second indice : cette réplique de Bobby Peru (Willem Dafoe) :
Les animaux affluaient... après les cerfs et les chiens (qui abondent aussi dans la filmographie de Lynch - dans Une histoire vraie, pour prendre un seul exemple, où Richard Farnsworth va retrouver son frère en traversant plusieurs États avec sa tondeuse à gazon (une John Deere évidemment), il y a cette très belle séquence où la voiture qui le double tue un daim, la conductrice est désespérée : "J'ai tué treize daims en sept semaines en prenant cette route, monsieur, , et il faut que je prenne cette route, tous les jours, soixante-dix kilomètres aller-retour, pour aller travailler. Je ne sais plus quoi faire. (...) Et avant de repartir en faisant crisser les graviers, elle ajoute : And I love deer.), oui après les cerfs, les daims et les chiens (je pourrais donner des exemples de chiens lynchiens mais j'arrête là pour aujourd'hui), c'était donc le tour des cobras (c'est moins sympa, on en conviendra).