France Burghelle Rey, Après la foudre par Philippe Leuckx

Publié le 07 avril 2018 par Angèle Paoli
France Burghelle Rey, Après la foudre,
Bleu d’encre éditions, 2018.


Lecture de Philippe Leuckx


Pour dire la « mémoire » (première partie) d’un proche, la poète a construit son petit livre en trois sections de textes qui puissent célébrer le souvenir, alléger la peine et faire du rêve sans doute un tremplin.

La foudre du titre, c’est le deuil, l’orage du cœur, le silence imposé, face à quoi la poète doit réagir, user du « clavier » et des mots pour échapper à la peine, cette perte même du « visage » du disparu, et ce repli en enfance — mot-clé du recueil —, et la langue altière sert parfois le projet :

« j’en tremble d’oser désespérer du soleil
désespérer d’apprivoiser oiseaux enfants amants
et l’herbe du jardin »

Qui dit « je n’ai plus aucune peur quand j’ai encore des mots » signifie sa foi en l’écriture, en l’aphorisme (« échanger le silence / n’est jamais renoncer »), en la musique des « notes / d’un clavier sous ma chair ». La poète nourrit « ces doigts qui / veulent le chant / tempête des mots / choc des syllabes/ et cris des voyelles ».

N’empêche, il y a eu mort, celle de l’être aimé, celle de la terre, loin de la « seule maison celle d’enfance » où « le lilas est toujours à la sortie du village ».

N’empêche, cette terre peut être baume, salut quand il n’y a plus qu’à serrer et à « partager cette lumière » et un beau jour, après tant de poèmes, c’est comme le miracle :

« j’ai entre chien et loup
retrouvé ton visage »

Après « Au cœur de la fonte », « Le poids des rêves », troisième partie du livre, sent « le cœur » battre à contre temps tant la souffrance, la fin de l’enfance, l’espace confiné sans l’autre, l’absence ponctuent désormais la vie et le constat a sa grande part de gravité :

« je suis de nouveau sans moi »

Les derniers poèmes révèlent le lien de fraternité qui unit la plume et l’absent. La ferveur pour lui demeure ainsi comme le fruit de « mon enfance » et le « double » disparu, ce frère, ce jumeau, enjoint la sœur à poursuivre de ses mots, de ses vers la lutte.

Philippe Leuckx
pour Terres de femmes
D.R. Texte Philippe Leuckx



FRANCE BURGHELLE REY


■ France Burghelle Rey
sur Terres de femmes

Les Tesselles du jour (extraits)
Trop (extrait du Bûcher du phénix)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Lumière du poème

■ Voir aussi ▼

le blog de France Burghelle Rey
le site des éditions Bleu d’encre



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