Magazine Journal intime

Lire un extrait avant de choisir

Publié le 15 avril 2018 par Claudel
revue Les librairesBien sûr, comme tout le monde qui vit au nord du 50e parallèle, j’ai hâte de pouvoir passer plus de quinze minutes sur une galerie ou sortir sans bottillon ou laver mon auto pour voir sa couleur réelle. Bref, j’ai hâte que la neige disparaisse, que le blanc et le brun sale laissent la place à toutes les nuances de vert.
Mais aurai-je autant de temps pour lire? Je délaisserai peut-être la lecture et l’écriture pour le voyage? Ou pour ramasser les aiguilles de pin, brûler les branches tombées cet hiver, et faire disparaître tout ce cailloutis laissé par les passages de la charrue.
Pour l'instant au lieu de craindre ce verglas tant annoncé, je me réjouis de l’abondance de romans que la dernière revue Les libraires offre à mon appétit insatiable. Est-ce moi ou il se publie beaucoup plus de livres qu’à mes vingt-trente ans?
Honneur également à Kobo : liseuse ou site. Six mois que j’ai ma liseuse, j’ai découvert depuis peu l’outil « trouvez votre prochaine lecture ». Probablement ajouté pour promouvoir l’achat de livre via un compte Kobo, mais moi, je l’utilise principalement pour lire des extraits. Merci à tous les auteurs qui, dans leur contrat d’édition, acceptent que des extraits soient publiés. Parfois de cinq pages, mais jusqu’à 30-40 pages. C’est appréciable, assez pour savoir si je veux me procurer le roman.
Donc, dès que je vois dans une revue, un journal, un blogue qu’on parle d’un roman, qu’on pique ma curiosité parce qu’on en dit du bien, qu’on lui décerne un prix, ou parfois parce que le sujet m’intéresse, je délaisse ma tablette pour ma liseuse.
Ainsi rien que cette semaine, j’ai lu des extraits de :
Royal de Jean-Philippe Baril Guérard
La femme de Valence d’Annie Perreault
Si tu passes la rivière de Geneviève Damas
Sentinelle de la pluie de Tatiana de Rosnay
Vous écrivez? Le roman de l’écriture de Jean-Philippe Arrou-Vignod
Frustration évidemment devant l’absence de Débâcle de Lize Spit publié chez Actes Sud. J’essaie de comprendre les raisons de ces quelques éditeurs, dont Actes sud et Lémac entre autres, à refuser de fournir (est-ce le bon verbe?) leurs livres numériques (parce qu’ils publient quand même en numérique) à pretnumerique.ca. Je me demande s’ils ont vérifié si ça vaut encore la peine? Si leurs raisons premières valent encore? Sont-ils moins piratés? Les auteurs sont-ils toujours d’accord? Est-ce moi qui deviens comme ces jeunes qui croient que tout livre, toute musique, toute œuvre d’art doit être accessible gratuitement au public? Pourtant non, j’espère que non. J’espère de tout mon cœur d’auteure que les auteurs dont les livres se retrouvent sur la plateforme pretnumerique sont payés à juste titre pour leurs romans numériques. J’ai hâte de voir une étude à ce sujet.
Encore heureux (non c’est faux) qu’on ne parle pas tant de livres dans les médias, je trouve que je ne lis pas le quart de ce qui m’intéresse. Comme pour toute nourriture, je dois choisir et je dois surtout apprendre à manger lentement, à manger moins et mieux. Surtout qu’avec la BANQ ou réseau Biblio Outaouais, mes deux approvisionneurs, je suis limitée à trois semaines pour lire. Je délaisse donc certaines lectures pour en privilégier d’autres. Les critères de sélection sont souvent aléatoires, souvent le nombre de pages, parfois le style.
Ainsi, entre Les loyautés de Delphine de Vigan et La bête creuse de Christophe Bernard c’est Delphine de Vigan qui a gagné. Entre La bête creuse (j’ai essayé à nouveau) et La promesse de l’aube de Roman Gary, c’est ce dernier qui a remporté parce que j’ai encore de la difficulté avec ce genre de phrases quand elles sont dans la narration : « quelques curés bénévoles quand il coachaient », « Faque tu te lèves », « ses frères jobaient à la scierie », « Labatt avait été obligée de clairer deux employés ». J’ai nettement préféré « si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine ». Oui, je sais, je suis vieux jeu. Pourtant je veux, j’essaie, j’accroche souvent. Je cherche surtout à comprendre, à me psychanalyser pour savoir si c’est de la jalousie, de l’envie, du snobisme, de la résistance. Et puis, je me dis qu’on peut bien préférer la framboise à la fraise sans nécessairement chercher à remonter à son enfance pour savoir pourquoi. Et je sais aussi qu’un jour prochain, je goûterai aussi à quelques fraises… à moins qu’une autre talle de framboises m’attire.
Faut-il dire que La promesse de l’aube de Roman Gary c’est joyeux, ça fait du bien : pas de guerre, pas de conflit, pas tare, même pas d’amour contrarié. Non, qu’un bel hommage d’un homme à sa mère. Comme un goût de printemps où tout sera beau et doux.
Devant tant d’abondance de publications, quels sont vos critères de choix?

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