Jusqu'à la naissance de Catherine-Jeanne, Jean-Léonard et sa femme Jeanne, vivront en majorité à Paris, avec de fréquents retours de Jean-Léonard sur ses terres limousines...
Jean-Léonard entraîne Jeanne, à sa suite lors d'expériences étonnantes que leur offre ce siècle... Cette deuxième partie du XVIIIème siècle, semble bien pour ceux qui – par privilège – peuvent le vivre, s'ouvrir à des temps nouveaux...
Une nouvelle aristocratie, inspirée des ''Lumières '' se propose de vivre en toute égalité sexuelle, le partage des plaisirs et de culture, et de devenir aux côtés d'une monarchie à réformer, un pouvoir « intermédiaire », garant d’ordre et de progrès.
La noblesse ancienne d’origine chevaleresque dont la réputation repose sur le nom, la fortune terrienne, les charges et les grades dans l’armée, et que Jean-Léonard de la Bermondie représente ; accepte en ces temps nouveaux de ''fraterniser'' avec une noblesse de robe constituée de bourgeois anoblis qui, en récompense de services rendus à l’état, reçoivent la permission d’acheter un titre, afin tous d'accéder au charme, au raffinement et l’idéal chevaleresque ; ce lieu de fraternité est alors incarné par la Franc-maçonnerie ...
Dans cette société chevaleresque et courtoise, (idéalisée et fantasmée).. ; la femme a toute sa place, à l'image du mythe arthurien avec Guenièvre, la reine adultère, avec Viviane, la fée initiatrice qui transmet l'épée, avec Morgane, l'amante avide de pouvoir, avec Blanchefleur, et Yseult, et Enide, et beaucoup d'autres ….
M. B. Ollivier - 1777 - Le Thé à l'anglaise ... - DétailQuand il n’est pas à la guerre ou à la chasse, l’aristocrate est dans un salon à faire sa cour aux femmes, à les amuser et à s’en faire aimer. Les jeux amoureux, après les cours d'amour du XIIe siècle, sont à nouveau codifiés comme jeux de société par les “Précieuses” dès le XVIIe siècle … Les femmes tiennent les salons, elles en font ''le temple des galanteries délicates et des gracieuses frivolités''. « L’esprit, la naissance, le bon goût, les talents, s’y donnaient rendez-vous. Jamais, à ce qu’il paraîtrait, société ne fut ni mieux choisie, ni plus variée ; le savoir s’y montrait sans pédantisme, et la liberté qu’autorisaient les mœurs y paraissait tempérée par les bienséances. » du rédacteur du Journal des débats Jean-François Barrière
On y parle philosophie et l'on y débat des idées les plus hardies sur les questions religieuses ou politiques... Émilie-Sophie de Montullé (1756-1816), marquise de Turpin de Crissé, et artiste peintre anime un salon où se trouvent Favart, Voisenon et Boufflers, elle fonde la « société de la Table ronde », et produit un petit recueil intitulé ''la Journée de l’amour''... ! ( cf Note (1) )
M. B. Ollivier - 1777 - Souper du prince Louis François de Conti, palais du Temple, 1766Note : (1) « La ''Journée de l'Amour '' ou les Heures de Cythère (1776), est un ouvrage dont les exemplaires n'ont pas été livrés au commerce et qui sont excessivement rares... Voici l'origine de ce livre : La comtesse Turpin de Crissé, fille du célèbre maréchal de Lowendhal, qui joignait aux charmes de la figure toutes les qualités de l'esprit, avait fondé chez elle une espèce de petite académie littéraire, sous le titre de ''Société de la Table Ronde''. Là, régnait la plus parfaite égalité; l'esprit et la gaieté se donnaient carrière et se trouvaient encouragés par la bienveillante approbation et la douce tolérance de la jolie présidente. Autour d'une table ronde (pour qu'il n'y eût pas de place d'honneur), dont un écritoire formait le plat du milieu, s’asseyaient le gai et brillant Boufflers, le jeune et spirituel Guillard, à peine âgé de vingt-quatre ans ; le petit abbé de Voisenon, n’avait de l'église que l'habit, et son ami Favart, qui l'associa dans presque toutes ses productions. Les membres de cette heureuse association qui devrait servir de modèle à beaucoup de graves et pédantesques académies de province, écrivirent et publièrent en commun la Journée de l'Amour, dédiée aux femmes, et ornée de quatre jolies gravures et de huit culs-de-lampe dus au crayon de Tannay et aux burins de C. Macret, O. Michel et N. Bruneau, tous artistes en vogue dans les boudoirs du siècle dernier. (…) C’était le fruit d'une longue paix, et l'effet du règne plus que galant de Louis XV, qui avait plongé toutes les populations dans une mollesse pastorale et des goûts affadis et champêtres, qui ne se dissipèrent que trop brusquement à l'approche de la tempête révolutionnaire. » d'après le bulletin du Bibliophile ( Ch Nodier) 1842
Lecture Salon de Madame Geoffrin - Gabriel Lemonnier (1743-1824)La rencontre entre hommes et femmes développent les vertus de générosité, de courage et de délicatesse, un idéal d’héroïsme et de noblesse retransmis de la chevalerie. Le XVIIIe siècle, y ajoute le désir et la volupté... ( Marivaux, Boucher, Fragonard..)
Du fait des conditions matérielles qu'impose le mariage comme contrat, l'idée de fidélité conjugale au 18e s. a bien évoluée …. !
Ainsi, cette recommandation d’un mari à sa femme: dans Les contes de Marmontel (1723-1799)
« Madame, l’objet du mariage est de se rendre heureux. Nous ne le sommes pas ensemble. Or il est inutile de nous piquer d’une constance qui nous gène… Vivez chez vous, je vivrai chez moi… »
« Les nœuds de l’hymen étaient une chaîne. Aujourd’hui voyez la complaisance, la liberté. La paix règne au sein des familles. Si les époux s’aiment, à la bonne heure, ils vivent ensemble, ils sont heureux. S’ils cessent de s’aimer, ils se le disent en honnêtes gens et se rendent l’un à l’autre la parole d’être fidèles. Ils cessent d’être amants, ils sont amis. C’est ce que j’appelle des mœurs sociales, des mœurs douces. »
Vignette pour les contes moraux de MarmontelLes contes moraux de Marmontel eurent un succès relativement durable … Il s'agit en fait d'exalter une vertu au moyen d'un court récit … Morale ''bien pensante'' cependant, que la Sorbonne va condamner en 1768 pour intolérance religieuse...
Ainsi ce qu'écrit le duc Lauzun dans ses “Mémoires”. Il raconte le malheur de la comtesse de Stanville qui, comme beaucoup de jeunes femmes nobles de l’époque, vivait à Paris pendant que son mari était en province comme commandant d’un régiment à Nancy en Lorraine. C’était une jeune femme très à la mode qui fréquentait la haute société et les habitués de la cour de Louis XV. Le mari avait accepté qu’elle soit la maîtresse du duc de Lauzun, et qu’elle ait refusé les avances du ministre Choiseul. Mais il ne toléra pas qu’elle lui impose d’être supplanté par un roturier. En tombant amoureuse d’un acteur, la jeune femme avait commis un crime de lèse-majesté, elle devait être punie. La punition fut exécutée avec éclat. Muni d’une lettre de cachet facilement obtenue par Choiseul, l’époux vint chercher sa femme à trois heures dans la nuit du 20 janvier 1769, à la sortie d’un bal dont elle avait été la reine. Il la fit monter dans une chaise de poste et la conduisit directement au "couvent des filles de Sainte Marie" à Nancy ou elle demeura enfermée pour le restant de ses jours.
Ces ''lettres de cachet'' sont, pour J.L. de la Bermondie, les signes aberrants d'une monarchie absolue à réformer ( mais non à renverser...). En effet, J.L. restera toujours fidèle à la monarchie ...
Entre 1770 et 1790, Jean-Léonard de la Bermondie, va fréquenter à Paris ; des gens comme : * le vicomte de Parny, capitaine d'une compagnie de gendarmes du Roi, maçon, de la Loge "Les neuf sœurs" et poète... Il sera le guide vers des salons libertins …
* Jean de Sinclair, dont on a déjà parlé, est officier dans la ''Garde Ecossaise''... D'un séjour à Londres, où il a rencontré Cagliostro ; il présente à J.L. * Le chevalier d'Oisemont qui descend d'une famille de seigneurs templiers, qui possédaient une importante commanderie. Ce chevalier s'est pris d'une passion pour la belle Lorenza, épouse du Comte de Cagliostro... ! Il se dit disciple du mage, et va involontairement dévoilé quelques astuces de ce faux magicien Merlin…
Voilà le programme des prochains articles … !!!
A suivre ...