Comment se construire quand les crimes de ses aïeux font peser honte et culpabilité sur vos épaules ? Comment se débarrasser d'un secret de famille inavouable qui vous place de facto dans le camp des salauds ? Ce sont ces difficiles et douloureuses questions qu'aborde Luc Duwig dans un livre cathartique, courageux et intime.
Quatrième de couverture
« Je veux prendre la parole au nom de tes victimes, au nom de chacune d’elles, même si je suis mort, moi aussi, le 10 juin 1944. »
Enfant, adolescent, puis adulte, Luc s’interroge : Pourquoi, dans sa famille, ne lui parle-t-on jamais de son grand-père, ce grand-père qu’il n’a pas connu ? Même sa merveilleuse et tant aimée grand-mère lui oppose un implacable silence. Comme si celui-ci, Jean-Ferdinand, n’avait pas existé. Luc va enquêter et trouver des réponses. La vérité sera encore plus terrible qu’il ne l’imagine.
Un récit bouleversant qui plonge au plus profond de l’âme humaine. Les mots de Luc Duwig sont forts et justes. Comment vivre avec un tel héritage ? Peut-être en révélant le secret de famille ? L’amour est-il encore possible dans de telles conditions ? Si oui, à quel prix !
Mon avis
Il a fallu des années d'analyses à Luc Duwig, médecin urgentiste et psycho-oncologue, pour pointer du doigt l'horrible nœud qui le faisait souffrir et l'empêchait de se construire. Ce nœud, c'est un héritage douloureux, honteux, qui lui a été transmis de force et dont personne, dans sa famille, ne veut plus parler. Cet héritage, ce sont les crimes commis par son grand-père, celui dont plus personne n'ose se souvenir.
Pour arrêter de souffrir d'un secret de famille dont il n'est pas responsable, Luc Duwig décide d'enquêter sur ce grand-père entouré de mystère et de crainte. Il contacte des historiens spécialistes de la Seconde Guerre Mondiale et découvre la vérité, après plusieurs années de recherches : son grand-père a collaboré avec les nazis. Mes intimes étrangers est à la fois le récit de cette enquête et le recueil des questionnements qui animent l'auteur dans sa plus profonde intimité.
Dans ce texte absolument bouleversant et d'un remarquable courage, Luc Duwig s'adresse en le tutoyant à son grand-père qu'il n'a jamais connu. Cette proximité est nécessaire pour faire sortir la honte et la culpabilité qui se sont imposées à l'auteur dès son plus jeune âge, sans qu'il n'ait eu son mot à dire. Pour affirmer, aussi, que l'on peut être petit-fils de collabo sans pour autant approuver les actes de ses aïeux, et enfin oser briser la loi du silence. Pour Luc Duwig, mieux vaut parler et se rapprocher des autres pour, si ce n'est s'apaiser, au moins libérer les générations suivantes de cet héritage maudit.
J'ai été très touchée d'être invitée à entrer dans l'intimité de Luc Duwig qui, pour le coup, écrit à cœur ouvert, dévoilant même des épisodes douloureux de sa vie privée. Le texte est agrémenté de photos de famille qui rendent la démarche de l'auteur encore plus personnelle et touchante. Mes intimes étrangers est un récit d'une sincérité totale, qui prend aux tripes et force le respect.
En bref
Un texte intime et courageux dans lequel Luc Duwig aborde, à travers son histoire familiale, la transmission transgénérationnelle des traumatismes et la difficulté à se construire pour les générations suivantes.
Le livre
Mes intimes étrangers de Luc Duwig Editions Carnets Nord (2018), 200 pages
Je remercie les éditions Carnets Nord pour cette lecture.