Saoulée !

Publié le 06 juillet 2008 par Anaïs Valente
Nan, je n’ai pas bu.  Rien de rien.  Même pas un petit apéro de rien du tout.  Mais je suis saoulée.  Saoulée à un point.  Pas saoule. Saoulée.  Pour autant que cet adjectif existe.  Et s’il n’existe pas, on s’en moque.
Saoulée par le cas « Ingrid Betancourt ».
Saoulée de ce que je lis un peu partout, dans les commentaires de blogs, dans les forums.  Saoulée par les réactions des gens.  A croire que c’est dans la nature humaine de toujours trouver à redire, de toujours râler, de toujours critiquer.  Je ne devrais pas m’en étonner, râleuse professionnelle que je suis.  Mais tout de même, ici, ça dépasse l’entendement.
N’est-il point possible de simplement se réjouir de l’heureux dénouement de cette histoire qui dure depuis six ans ?  Simplement.
Pourquoi faut-il tout analyser, tout décrypter, tout décortiquer ?  S’étonner qu’elle soit si bien coiffée à sa sortie de détention.  Qu’elle n’ait pas l’air mourante.  Comparer son poids sur sa dernière photo et son poids actuel.  S’offusquer de la médiatisation de l’affaire, comme si cela était le moins du monde étonnant.  Prétendre qu’on ne peut absolument pas être heureux de sa libération quand tant d’autres sont encore prisonniers.  Spéculer sur la vie vide de ceusses qui sont contents, passque être content pour ça... c’est être bête.  
Ça me rappelle vaguement ce billet que j’ai écrit récemment, même si le thème n’est pas similaire... 
La question que je me pose est cependant du même acabit : ne peut-on profiter d’un chouette événement parce que d’autres drames se jouent encore ?
A nouveau, à ce train-là, on ne va plus pouvoir se réjouir de la naissance d’un enfant parce que des dizaines, des milliers d’enfants meurent dans le monde.  On ne va plus pouvoir fêter une rémission de cancer, parce que le cancer n’est pas encore définitivement éradiqué sur la balle bleue.  On va se refuser à fêter le nouvel an, parce que l’année qui se profile à l’horizon ne sera sans doute pas plus jolie que la précédente.  On ne va plus sourire ni rire, parce que la vie n’est pas souvent rigolote, surtout dans les pays en voie de développement ou ceux soumis à un régime dictatorial.  On ne va tout bonnement plus vivre, parce que d’autres se meurent !
Ça me fait songer, dans une moindre mesure of course, à cette tendance horripilante (et le mot est faible), dans ma ville (peut-être dans la vôtre aussi), à comptabiliser le budget lors d’un feu d’artifice... sans plus admirer le spectacle.  Y’a rien de pire que de regarder un joli feu d’artifice en entendant un quidam s’écrier, à chaque pétard « oh la belle rouge à X euros, oh la grosse bleue à X euros, et dire que c’est nous qui payons ça ».  A taper dessus avec une barre de plomb, comme dirait l’autre.
Alors bien sûr, il y a une énorme récupération médiatique (dont je n’ai que peu conscience, car je ne regarde jamais le JT).  Bien sûr, il y aura sans doute une récupération politique (qui s’en étonnerait, elle faisait de la politique avant, elle en fera après).  Bien sûr, il en reste d’autres qui souffrent (et qui profiteront peut-être de toute cette médiatisation).  Bien sûr, ce n’est pas l’événement du siècle (et alors ?).  Mais, par pitié, est-il possible de considérer cette bonne nouvelle juste comme une bonne nouvelle, sans entrer dans des débats inutiles ?  Tout simplement.  Point barre.
Sur ce je vais regarder le journal, sait-on jamais...