LE LARGE
Il faudra que je parle d’écrire… Et que ce soit parler pas écrire… Que j’avoue… Et j’avoue… Être peu sensible aux formes de l’écrit… Être prise sans filet dans le mouvement de l’écriture. Cette différence que je sens que je fais entre les deux… Elle m’écarte… Elle me sépare… Elle me fait mal au milieu… Mais les mots sont sans abri. Ils n’ont pas de domicile fixe. Je les couche sous la couverture comme des chiens affamés. « Couchez… Allez… Couchez là… Ici… Non là… Là… Voilà… Pas bouger… »
Mais ils ne restent pas sur le papier. Ils prennent le large
Écrire est déployé sans forme attachée
Écrire est une langue de grand départ
Aucune ligne d’arrivée
Lili Frikh, Carnet sans bord, La rumeur libre éditions, Collection de poésie nouvelle série, n° 40, 2017, page 26. Sélection Prix des Découvreurs 2019.
LILI FRIKH
Lili Frikh au festival Voix vives,
de Méditerranée en Méditerranée, Sète 2015
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions La rumeur libre) la fiche de l’éditeur sur Carnet sans bord de Lili Frikh
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