La Raison et la Gnose - Du Moyen-âge aux Lumières du XVIIIe s

Publié le 05 juin 2018 par Perceval

Le Corpus hermeticum constitué au XIe siècle, et qui rassemble des textes grecs, écrits au cours du IIe  et du IIIe siècle, met en scène Hermès Trismégiste et/ou ses disciples et propose une voie de sagesse mêlant traditions grecque et égyptienne. Le premier livre d'Hermès s'appelle Poïmandrès

« que veux-tu entendre et voir, que veux-tu apprendre et connaître ? Je veux, répondis-je, être instruit sur les êtres, comprendre leur nature et connaître Dieu »

La gnose c'est d’abord une recherche de la connaissance des êtres, de Dieu, de l'univers, de la compréhension du monde, qui s'adresse à tous, pas seulement aux clercs, pas seulement aux intellectuels, mais à tout le monde. Elle ne propose pas, et n'a jamais proposé dans toute son histoire millénaire, de réponses toutes faites et des révélations. Elle fonde la compréhension de ce que nous vivons, entendons ou lisons sur le symbole, l’expression symbolique. Enfin et surtout c'est une quête de l'unité, l’Un et le Tout, on l'appellera comme on voudra, quête de ce qui nous transcende, l'Univers, le Divin, quelque fois on ne trouvera aucun nom, dans la plus grande liberté.

La gnose est ici ( et la plupart du temps, l'Eglise a préféré entretenir l’ambiguïté...) à différencier du dualisme de certains gnostiques qui considèrent deux divinités en conflit, le dieu du bien face au dieu du mal ...etc)

La gnose rejoint au XVIIIe siècle, ce que les francs-maçons écossais nomment la Vérité... Elle est cette connaissance qui va au-delà du voile de la matière et qui nous fait passer de la matière à l'esprit, de l’équerre au compas, qui cherche à voir avec l'œil de l'esprit ( du cœur, de l'âme et de l'esprit) au lieu de voir simplement avec les yeux physiques.

Cette Vérité est inaccessible dans sa totalité... Dans cette quête, doit-on quitter le domaine de la raison ? Non pas, si nous regardons derrière le voile du matériel, qui fait partie du réel, et répond donc à une logique.

Au XVIIIe Kant choisit de s'en tenir à la pensée logique, et qui peut s’appliquer à toutes sortes de réalités...

Emmanuel Kant (1724-1804)

La condition essentielle pour partir en quête de la Vérité, est de conquérir notre liberté. Si nous ne sommes pas libres de voir, de discerner, de connaître, comment pourrons-nous nous approcher de la Vérité ? Emmanuel Kant le dit en 1784 dans un raccourci magnifique : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières », et il ajoute « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage…».

Si le XVIIIe siècle, se verra le témoin de la victoire des ''Lumières'' contre l’obscurantisme religieux... Une tendance de ces Lumières, continuera à se considérer comme religieuse...

Partons sur cette voie:

Depuis 1700, pas moins de 15 volumes sur l'histoire des ordres religieux, monastiques militaires et chevaleresques sont édités en Europe, plus de la moitié des écrits alchimistes ont été écrits dans la 2ème partie du 17e siècle.«Pierre Dupuis (1700) :Traité concernant l’histoire de la France, l’Ordre du Temple. Gurtler (1703) : Historia templarorium. P.Heylot (1714) : Histoire des Ordres religieux monastiques et religieux, 8 vol. Honoré de Ste Marie (1718) : Dissertation historique et critique sur la chevalerie ancienne et moderne, séculière et régulière. Basnage (1721) : Histoire des ordres Militaires ou des Chevaleries, des milices séculières et régulières, Abbé Roux  (1725): Histoire des 3 Ordres réguliers et militaires des Templiers, des Teutons, Hospitaliers ou Chevaliers de malte. Abbé Vertot (1726) Histoire des Chevaliers Hospitaliers de St jean de Jérusalem. 1.5 vol sur 4. )

En 1728 : le chevalier Ramsay (1686-1743), l’ami de Fénelon et le protégé de Madame Guyon, crée les hauts grades écossais. Il fait provenir la dénomination « Loge de St Jean » de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, dénomination tardive de l’Ordre de l’Hôpital, héritier des bien temporels des Templiers, et il associe les 3 degrés de la Maçonnerie aux 3 rangs des Ordres Religieux comme l’Ordre du temple.

Après un millénaire ( au moins...) d'ignorances et d'interdits théologiques ; on n'hésite pas à s'interroger sur tout, et sans trop de méthodes : sur la réalité des sirènes, ou sur la possibilité des cailloux de se reproduire … mais aussi sur l'électricité, les observations au microscope, les études systématiques des animaux et leur classification...

L’organisation des savoirs n'était pas celle d'aujourd'hui, ni celle que vont tenter d'organiser les ''Lumières'' du XVIIIe. Au début du XVIIe siècle, l’approche mathématique du mouvement des planètes peutt bien s’accompagner, chez Kepler, de la croyance en une âme du monde.

Si la gnose est censée, par ses détracteurs, être ésotérique donc réservée qu'aux initiés.... Sachons, que le mot Ésotérisme est récent … Au XVIIIe siècle était appelé ' ésotérique ' l’enseignement philosophique oral de Pythagore ou de Platon supposé destiné à un groupe restreint de disciples.

« la connaissance est ce qui permet de s’assimiler autant qu’il est possible à Dieu, ce qui implique d’être juste et saint avec l’aide de l’intelligence » Platon (Timée 72b).