+ La Coupe du Monde de foot a le mérite d'exposer les valeurs occidentales
On peut voir que le populisme, loin de se limiter à quelque parti politique "extrémiste", est soigneusement et systématiquement entretenu par les élites politiques et morales.
Qui a gardé en mémoire le souvenir de l'hystérie religieuse consécutive à la "victoire" de l'équipe de France de foot en 1998, se souviendra peut-être de ce qu'elle eut de "macronien", mobilisant la démagogie de droite ET celle de gauche. Ce genre de fête ou de victoire collective est d'ailleurs triste, car il dissimule (mal) autant de suicides, d'avortements, de frustrations, d'échecs personnels...
Marx fait remarquer que la religion est l'opium du peuple: on voit à quel point la casuistique laïque, qui voudrait que la religion reste cantonnée à la sphère privée... n'est qu'un voeu pieu.
Les critiques du totalitarisme font la remarque bien plus juste d'une confusion des cercles privé et public au stade totalitaire ; cette confusion évoque le tribalisme primitif, où l'individualisme n'a pas de place non plus.
En 1998, "Charlie-Hebdo" jouait encore le rôle de contre-culture en brocardant la religion du foot, comme ici cette "Une" de Charb. Le défaut de la satire de "Charlie-Hebdo" a peut-être toujours été de pointer excessivement le "beauf". Hannah Arendt pour sa part préférait fustiger (au début des années 50), non les produits de la culture de masse eux-mêmes, mais les intellectuels qui se font un devoir d'exalter ce populisme sournois, dont le football ne représente qu'une partie.
Pour pouvoir parler d'entreprise systématique, il faudrait étudier et mettre à jour les éléments d'une tactique commune à ces intellectuels et "pseudo-philosophes". L'éloge "indistinct" de "la culture" est un de ces éléments.
L'actualité fournit un autre exemple de l'effort pour abrutir le peuple accompli par les élites intellectuelles - je veux parler des grands discours foireux sur "l'intelligence artificielle". Il s'agit là d'une notion aussi creuse que la notion de "providence", une version "séculière" de cet argument typiquement clérical. Il n'est pas moins fanatique de croire au(x) miracle(s) futur(s) que "l'intelligence artificielle" pourrait accomplir en faveur de l'humanité, que dans l'intervention providentielle de Dieu. Les meilleures fables de science-fiction (les plus satiriques) sont celles qui soulignent l'impasse à laquelle conduit le développement technologique.
+ Ce dessin de Micaël ("Siné Mensuel") souligne la part du hasard dans le football et, plus largement, dans la culture contemporaine, largement ouverte par ce biais à la superstition.
par Gourmelin
+ F. Forcadell signale la petite expo. de dessins originaux de Gourmelin, Moisan et Sempé à la galerie "Artmouvances" (à Montfort-L’Amaury, du 15 juin au 8 juillet 2018).
La satire est inactuelle, contrairement au "devoir d'information" des journalistes qui opère une diversion constante, une tension religieuse vers l'avenir.
Qualifier Jean Gourmelin (1920-2011) de "dessinateur de l'absurde" (notice wikipédia) est dépourvu de signification précise. En effet chez les humoristes qui représentent l'absurdité, on décèle vis-à-vis de celle-ci des attitudes très différentes ; tandis que certains se révoltent contre l'absurdité, d'autres à l'opposé paraissent abdiquer devant elle ou s'y résigner, n'en tirant qu'un simple motif pour déclencher le rire gras ou le fou rire.