Il fallait voir et être vu, lundi 30 juin dernier, au vernissage de l’exposition photo Richard Avedon, au Jeu de Paume. Le tout-Paris s’y pressait, en compagnie du tout-New York en vacances, filles longilignes aux jambes interminables et mecs branchés lunettes noires et cabriolet. Il y avait davantage de monde au rez-de-chaussée, où étaient exposés les clichés de stars et de mannequins qu’au premier étage, où se cotôyaient portraits de SDF, d’ouvriers d’usine et de serveuses de restaurant dans une Amérique à des années lumières de celle que nous connaissons tous.

Son engagement était à la fois personnel et artistique, c’est ce qui en fait tout le charme et l’intérêt. Un mur entier de l’exposition est consacré aux différentes personnalités du Congrès et du monde des affaires. L’on y voit Jimmy Carter et Ronald Reagan jeunes, Rockefeller, Kissinger. Un gigantesque panneau rassemble les membres de la Factory d’Andy Warhol. Ils font face à des inconnus dont les corps et les visages racontent une histoire autrement tragique : anciens esclaves, pacifistes pourchassés et victimes vietnamiennes du napalm sont figés dans un cri éternel et “munchien”.

Cette exposition est fascinante, même si elle dérange. On s’y promène d’abord avec ravissement, comme dans un vieux film en noir et blanc. On découvre les visages d’auteurs lus et relus dans notre jeunesse aventureuse avant de se sentir attiré, magnétisé par les regards mille fois répétés d’autres personnages plus obscurs et déroutants, faces cachées d’une lune froide qui n’a rien à prouver, rien à démontrer, qui se contente d’être elle-même.
Au Jeu de Paume, place de la Concorde à Paris. Tous les jours de 12 heures à 19 heures, le week-end à partir de 10 heures et le mardi jusqu’à 21 h 30. Jusqu’au 28 septembre. Entrée : 7 euros.