Oh, je sais, d’aucuns diront “encore un mort” mais que voulez-vous, ils tombent tout autour de moi… Je voudrais vous parler d’un monsieur que j’ai rencontré l’année dernière pour une interview. Il s’appelait Jean-Pierre Thystère, il était Congolais (de Brazzaville) et avait 72 ans. Son décès remonte déjà à la semaine passée, mais je l’ai appris hier dans le Carnet du Monde. J’avais apprécié notre rencontre, c’était un vieux monsieur comme on n’en trouve plus qu’en Afrique. Il avait connu bien des régimes, bien des vicissitudes et s’efforçait de raconter son Congo natal avec force détails de façon à bien se faire comprendre de ses interlocuteurs.
![Jean-Pierre Thystère Tchicaya l200xh190_l200xh190_jpg_thysteretchicaya_.1215078144.jpg](http://media.paperblog.fr/i/87/870644/jean-pierre-thystere-tchicaya-L-1.jpeg)
Son parti, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS) s’est allié au Parti congolais du travail (PCT) du président Sassou Nguesso depuis 2000, date des élections législatives qui l’ont porté à la présidence de l’Assemblée. Mais l’élection présidentielle de 2002, que Jean-Pierre Thystère a toujours considérée comme irrégulière et entachée de nombreuses fraudes, a jeté une ombre sur cette majorité présidentielle. Souffrant d’une jambe, il n’a pas pu participer activement à la campagne de 2007. Celle-ci a été conduite par… son épouse, une belle femme, très dynamique. C’est la raison pour laquelle j’avais pu le rencontrer en juillet, peu avant le second tour.
Je garde de mon entretien une délicieuse impression. Il était au régime mais n’avait pu résister à la coupe de champagne que son savoir-vivre l’obligeait à m’offrir. Il habitait un pavillon tout neuf dans une banlieue résidentielle, dans la grande couronne parisienne. Je suis désolée de sa disparition. Il aura des funérailles nationales au Congo et l’histoire l’oubliera. Comme tant d’autres.