Congrès de Versailles, une erreur française

Publié le 09 juillet 2018 par Observatoiredumensonge

La vanité devient le principe fondamental du régime tourné vers l'exaltation d'un visage, celui du Président !

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Observatoire du MENSONGE

Par Maxime Tandonnet

Le billet ci-dessous n'est pas la critique d'un homme, mais d'un système, d'un régime.
M. Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel a déclaré, à propos du régime politique français actuel, qu'il n'y avait " jamais eu une telle concentration du pouvoir. " A mon avis, il se trompe et mieux vaudrait dire qu'il n'y a jamais eu " une telle concentration de l'impuissance ".
La tournure de la vie publique française se concentre sur une image présidentielle, individuelle, totémique, emblématique, qui envahit le champ médiatique visible et absorbe toute source d'autorité: gouvernement, ministres, parlementaires, élus locaux, administrations. Mais cette image médiatique envahissante fuit en permanence le monde réel dont elle est de plus ne plus déconnectée. Elle s'impose dans les consciences, mais elle est privée de levier sur la réalité et les difficultés du pays: pauvreté, chômage de masse, écrasement fiscal, contraintes sur les entreprises, endettement public, déficits commerciaux, communautarisme et violence des cités, haine du policier, immigration non maîtrisée, déclin scolaire et intellectuel. La vanité devient le principe fondamental du régime tourné vers l'exaltation d'un visage, la réélection en 2022, et non plus le bien commun de la Nation. Mais l'adoration d'une icône produit son inverse: l'impopularité et le lynchage médiatique dans un pays déchiré entre amour et détestation d'un personnage et oscillant entre les deux passions.
Le Congrès de Versailles est dans cette logique. Le président s'expose et parade en leader suprême. Mais par là, il écrase le Premier ministre et les ministres, dont le rôle, jadis, était justement de porter la voix de l'exécutif au Parlement et de mobiliser des parlementaires pour une action politique et la mise en oeuvre d'un programme majoritaire. L'illusion de l'autorité détruit l'autorité et l'action n'existe plus par elle-même: elle se confond avec la frime, le paraître, les jeux d'illusions. De fait, l'idée même de gouvernement s'en trouve affaiblie: la question essentielle n'est plus de diriger un Etat mais de jouer avec les émotions collectives. L'actuel chef de l'Etat n'est pas personnellement en cause, mais l'étrange dérive d'un système vers le grand spectacle, le show médiatique, la manipulation permanente des esprits, et pire que tout, la fuite du politique devant la réalité, laissant une Nation abandonnée à elle-même, avec ses souffrances et ses inquiétudes. La frime est le voile de l'impuissance. Pour rompre avec cette tragédie, il faudra sans doute beaucoup de temps, une prise de conscience collective, qui passe par chacun de nous...

Maxime Tandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

Le droit et la politique

Par Maxime Tandonnet

Dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité, pour la première fois, le Conseil constitutionnel a invoqué le " principe de fraternité ", pour mettre fin à toute sanction légale envers l'aide aux migrants en situation illégale dès lors qu'elle ne fait pas l'objet d'une contrepartie pécuniaire. Tout un pan du code des étrangers est ainsi invalidé. La classe politique, dans son ensemble se réjouit vivement, en tout cas le parti socialiste et LREM. Est-ce vraiment du droit ou de la politique? Déjà, au nom de la liberté d'expression, le CC a récemment annulé plusieurs mesures visant à lutter contre la propagande jihadiste sur Internet. L'invocation du principe de fraternité ouvre une logique sans fin: sur tous les sujets, toutes les lois, il est possible d'invoquer la fraternité et dès lors que les juges constitutionnels estimeront, à leur libre appréciation, que cette fraternité est mis en cause par la loi, ils pourront la censurer, au moment de son vote, et à tout moment plus tard (QPC). Un contrôle de constitutionnalité des lois est nécessaire mais avec des règles, des limites, des bornes, un respect des pouvoir du Parlement élu au suffrage universel, c'est-à-dire la Nation. Le Conseil constitutionnel n'est pas une troisième assemblée élue démocratiquement, il est nommé par le président de la République et les présidents des deux assemblées. Sur 10 membres, 3 sont d'anciens ministres de M. Mitterrand, et deux anciens premiers ministres: Fabius, son président, M. Jospin et M. Charasse. Quant à la Nation, sur un sujet tel que l'aide à l'immigration illégale, elle n'a évidemment plus rien à dire: 10 sages décident pour elle ce qui est le bien et la vérité. Et après cela, les bonnes âmes s'offusqueront que plus de la moitié des électeurs se soient abstenus aux dernières législatives. "Nous les forcerons à être libres " écrit Rousseau dans le Contrat social. Il pensait à nos populistes, nos sans-dents, nos fainéants, nos lépreux d'aujourd'hui. Nous les forcerons à la fraternité, ajoutent des idéologues déguisés en juristes. Et Pascal: " Qui veut faire l'ange fait la bête ". L'abolition de fait de la démocratie française, le pouvoir du peuple, est le drame du siècle.

Maxime Tandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

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