Magazine Journal intime

Ta part du gâteau..

Publié le 12 juillet 2018 par Lepepindanslapomme
Ne cherchez pas, le Schtroumpf râleur n' existe pas...
Du moins jusqu' a aujourd’hui...
Notre petit loustic venu d’Asie est le premier du genre...
Un vrai râleur.
Un râleur mignon quand il boude alors que son frère et sa sœur ont oublié de lui faire un bisou avant de se coucher,
Un râleur têtu quand il s' agit de lui expliquer que les cascades qu'il tente a longueur de journée sont trop dangereuses,
Un râleur espiègle quand il nous fait croire qu'il ne veut pas rester à l' école alors que des que nous avons le dos tourné, il s’éclate comme un petit fou,
Un râleur agaçant quand il se ferme parce que nous avons décidé qu' il était temps d 'éteindre la télévision pour la journée,
Un râleur jaloux quand, toute la journée, il regarde, compare et se mesure a sa sœur aînée.
Mon petit râleur.
Parfois je souris a tes "raleries", parfois elles m' agacent. Nous mettons énormément d 'importance dans le fait de t' expliquer les choses, nous verbalisons tout... depuis 5 mois, tout est décortiqué, expliqué, verbalisé, afin que tu comprennes.
Que tu comprennes quelle est ta place ici, quelle est ta place dans la fratrie, quelle est ta place dans la famille, quelle est ta place dans nos cœurs qui débordent d' amour pour toi. 
Tu apprends, petit a petit, ce qu' est être un petit garçon avec des parents, une famille.
Tu mimes énormément ce qui t 'entoure, c 'es ton moyen d'adaptation.
Mais Raler, c 'est ta signature.
C 'est mon Timaël.
Depuis 5 mois, que tu es avec nous, j' essaie d 'analyser tes comportements, et les nôtres.
J' essaie de comprendre, pour faire au mieux.
Je crois que nous nous en sortons très bien , a vrai dire.
Adopter un enfant, le faire rentrer dans notre famille, ça ne s' arrête pas aux procédures, a l' idéalisation de l' enfant a venir, au voyage de notre vie.
Adopter un enfant, c 'est SURTOUT adopter un enfant imparfait, et l' aimer, peu importe ses qualités, et surtout peu importe ses défauts. C' est aussi reconnaître que ces défauts sont aussi des qualités chez toi.
Parce que si tu n' avais pas été aussi têtu , et aussi râleur, je ne crois pas qu' aujourd’hui je serrerai dans mes bras, tout les jours, un petit garçon aussi bien dans ses baskets.
Je ne crois pas que ce petit garcon qui me fait un bisou et un câlin le matin au réveil, qui se jette dans mes bras quand il se fait mal, qui a une véritable passion pour le pain et les power rangers, qui ne peux pas s 'endormir sans son doudou et sa couverture, qui parle maintenant comme un livre,  soit aussi adapté, 5 mois après son  arrivée en France,si il n' avait pas été têtu et râleur comme il l' est.
Tu es têtu, c'est certain.
Mais ton entetement est ta force.
C 'est ton entêtement qui t ' a poussé a réussir à faire confiance aux autres enfants de l' école, après 2 mois de scolarisation, alors que, nous en sommes surs, tu as souffert de l abandon de tes petits copains adoptés au sein de l'orphelinat.
C 'est ton entêtement, ta détermination a vouloir communiquer, qui fait de toi un petit garçon bavard aujourd’hui, en français.
C 'est ton entêtement que tu transpires a chaque fois que tu te fais un "bobo", quand une fois un petit câlin, un peu d'eau, et un bisou, tu te lèves, le regard droit et fier, et que tu repars jouer.
Je pense que tu te sens en sécurité ici.
Je pense que nous sommes intégrés dans ton cœur comme un papa, comme une maman.
Je pense que tu nous fait confiance.
Mais je pense que tu es encore loin de te défaire de cette attitude "je veux ma part du gâteau".
Je suis impressionnée, vraiment, par ce trait de caractère que tu as développé si fort .
Mais je ne suis pas une maman parfaite, loin de la.
Et parfois, j' avoue je me sens si impuissante...
Parce que ce sentiment d 'agacement qui naît en moi, alors que la journée a été longue, et que tu as décidé que tu voulais ABSOLUMENT que le quignon de pain soit a toi, et que malheureusement c 'est papa qui l' a pris... ce sentiment d 'agacement sur des bouderies, raleries, qui a mon sens, ne devraient pas exister, me sort de ma zone de confort.
Je n' ai pas été aidée, avec ton frère et ta sœur, qui ont tout connu de façon si innée, instinctive, depuis leur naissance. Je me retrouve face a un petit garçon qui me regarde avec des yeux effarouchés, ronds comme des billes, dés que j' élève le ton.
Et j' ai un peu peur de ses yeux ronds.
Tu ne sais pas encore t 'exprimer au point d' exprimer tes sentiments.
Et, malgré tout ce que nous pouvons dire et/ou penser avec ton papa, je ne sais pas si tu comprend VRAIMENT tout.
Peut être, dans ton empressement a vivre ta nouvelle vie, partir jouer, etc, peut etre que tu ne t 'attaches qu à 2 ou 3 mots dans une phrase, et que tu crois avoir compris.
Mais en fait non.
Alors j' ai un peu peur de ses yeux ronds, parce que j' ai l'impression que tu te met en mode sécurité des que la voix commence a gronder.
Et je ne veux pas que tu te mettes en sécurité.
Parce que je veux que nous soyons sur le même tableau tout les 2.
Tous les 5 a vrai dire. Je veux que nous soyons sur la même longueur d 'onde, que nous arrivions à communiquer sur une même base.
Et j' espère que bientôt, très vite, tes raleries seront atténuées par la compréhension, le sentiment de sécurité qui sera encore plus renforcé, et la confiance.
Tu auras toujours ta part du gâteau.
Toujours.
Ni plus ni moins que ton frère et ta sœur,  certes.
Mais nous ne te laisserons jamais en arrière.
De ce fait, je pense qu' il est tant que tu comprennes, que je me refuse également a culpabiliser de te gronder.
Que je me refuse d 'avoir avec toi une éducation plus laxiste, sous prétexte que nous t 'avons adopté.
Parce ce ne serait pas te rendre service que de pointer du doigt, toute une vie, une particularité qui n' a pas à être pointée. Parce que tu restes un petit garcon de 5 ans. et que tu as le droit de vivre une vie normale. Parce que je ne veux pas que tu grandisses dans un sentiment de différence, et/ou pire, de pitié.
Nous t 'avons effectivement sorti d 'un contexte tellement différent du notre, que l' adaptation "profonde" prendra un peu de temps.
5 mois, ce n' est rien dans une vie.
Mais tu as une force en toi qui dépasse l' entendement pour un petit garcon de 5 ans.
Et je sais que tu comprendras, bientôt, que t 'aimer, et t' éduquer dans une normalité relationnelle, s est aussi te rendre service.
Prendre en compte tes peurs, te rassurer au jour le jour, et ne jamais, jamais, jamais, flancher, d 'un point de vue éducatif.
Voila le challenge.
Et je me surprends, ce qui me donne le sourire au moment où j' écris ces lignes, à devenir au moins aussi têtue que toi!
Je t' aime mon schtroumpf râleur
.
Je t 'aime mon petit tétu.
Ta part du gâteau..

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