Parler encore de la Ve République à propos du régime politique français actuel relève du contresens absolu.
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Par Maxime Tandonnet
Parler encore de la Ve République à propos du régime politique français actuel relève du contresens absolu. L'organisation et le fonctionnement de pouvoir n'a aujourd'hui plus aucun rapport avec le système instauré par le général de Gaulle en 1958 et en 1962. La Ve République reposait sur un chef de l'État souverain, élu pour 7 ans, " guide de la Nation ", au dessus des partis et des factions, tenant sa légitimité de la confiance du peuple. Le gouvernement, la politique quotidienne, les choix de politique économique et de société, relevaient de la seule mission du Premier ministre et des Ministres sous le contrôle du président de la République et du Parlement.
Le régime a été radicalement transformé par le quinquennat depuis 2000, qui aligne le mandat des députés sur celui du président, transforme le président en chef d'une majorité, et place l'Assemblée nationale sous la quasi-tutelle de l'Elysée. Cette mutation se prolonge aujourd'hui avec la banalisation du Congrès de Versailles qui achève de transformer le chef de l'Etat en un super-Premier ministre présentant son programme, ou son bilan de politique générale devant le Parlement. Le problème, c'est que ce président/chef de Gouvernement, désormais en première ligne de la politique de la Nation, est lui irresponsable pendant 5 ans, échappant à toute sanction politique. D'où une situation contraire à principe fondamental républicain: la source de pouvoir essentielle échappant au principe de responsabilité.
En outre, il manque désormais à la France ce qui faisait la spécificité de la Ve République, un président visionnaire, au-dessus de la mêlée, symbole de sagesse, incarnant l'unité nationale et le destin à long terme du pays, responsable de la politique étrangère et de défense, tout en déléguant au Premier ministre le gouvernement du pays.
Les nouvelles institutions de la France, transgression de la Ve République, sont un véritable désastre. Elles se traduisent par l'émergence du culte médiatique d'une image personnelle omniprésente. Elles favorisent l'illusion de l'autorité à travers la sublimation du mythe du chef. Pourtant, elles sont contraire à l'autorité et à l'efficacité dès lors qu'elles entraînent l'affaiblissement de toutes les sources de gouvernerment du pays - absorbées dans le rayonnement élyséen - et courroies de transmission entre les dirigeants et le peuple, Gouvernement, Ministres, parlementaires, collectivités et élus locaux, services publics.
La politique s'éloigne toujours un peu plus de l'action concrète pour devenir un grand jeu de manipulation des émotions collectives. Elle oscille entre idolâtrie et lynchage, amour et détestation de l'icône présidentielle, chute dans le manichéisme. Le nouveau régime favorise la division et le déchirement du pays. La fuite dans l'émotionnel favorise les haines et les fureurs. La vie politique dérive dans le spectacle permanent autour d'un héros des uns, anti-héros des autres, et tout logiquement, de son combat du bien contre le mal. D'ailleurs, l'une des phrases clés du discours de Versailles, oppose le " progressisme au nationalisme ", autrement dit, le bien libéral et mondialiste contre le mal " populiste " ou la vile multitude de Thiers. La fracture entre les élites et le peuple ne cesse de se creuser d'année en année.
La réélection présidentielle devient l'objectif suprême de la vie politique au détriment de l'intérêt général à long terme du pays, favorisant la démagogie sous toutes ses formes, la communication, les illusions, les coups et le faire-semblant, au détriment de l'action en profondeur sur les grandes questions de fond: l'endettement public, l'écrasement fiscal, le chômage de masse, la pauvreté, la maîtrise de l'immigration, le communautarisme, la violence, le déclin scolaire...
L'actuel président de la République n'est pas le seul responsable de cette évolution déjà à l'oeuvre depuis des décennies. Il ne fait que la porter à son paroxysme. La personnalisation extrême du pouvoir, ou le culte de la personnalité, qui caractérise la politique française, se présente avant tout comme un masque de l'impuissance publique et du renoncement, par le monde dirigeant, à régler les problème de fond de la société française.
L'opposition républicaine, à travers sa guerre des chefs en vue des présidentielles, n'a pas (encore?) su rompre avec cette logique de personnalisation outrancière des enjeux au détriment du débat d'idées et du bien commun. Elle seule pourrait avoir un rôle majeur à jouer dans ce contexte en prônant le retour de la politique au sens noble du terme: non pas un spectacle narcissique mais une volonté d'action collective, modeste et désintéressée, en faveur de l'intérêt général. Le rétablissement du septennat (non renouvelable) est une piste de réforme constitutionnelle intéressante.
En aucun cas elle ne serait suffisante: c'est une transformation des mentalités politiques qui est nécessaire: le retour au sens de l'intérêt général contre toute forme d'obsession narcissique et de culte d'un chef mythique, contraire au principe d'efficacité et d'autorité véritable.
Maxime Tandonnet
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