Le Limousin au XVIIIe s – Histoire et Légendes -2 George Sand

Publié le 20 juillet 2018 par Perceval

George Sand, se promenait en Creuse, on peut aujourd'hui visiter sa chambre au château de Boussac... Un site, comme '' les Pierres Jaumâtres '' l'a inspiré, pour son roman Jeanne .

Ma visite de Crozant, escorté par Mme G. Sand

George Sand ( 1804-1876) organise pour ses enfants et Chopin, des expéditions, comme celle ( vers 1830) où ils partent à dos d'âne, voir les ruines de Crozant , dormir sur la paille à la belle étoile, et se tremper dans la rivière. Le défrichement des coteaux sur ces espaces pentus non cultivés est assuré par le pâturage des moutons. A la place des taillis et futaies d'aujourd'hui, s’étendent des landes et des bruyères, dont les teintes de rose se retrouvent dans les peintures de l’époque. La construction du barrage d’Eguzon, en aval, a modifié le paysage en provoquant la montée des eaux de la Creuse et de la Sédelle. Il faut s’imaginer leur niveau beaucoup plus bas. Elles ressemblent alors à des torrents...

George Sand publie en 1845 : ''Le péché de M. Antoine'', roman ''socialiste'' qui paraît en feuilleton dans '' L’Époque'' … Le cadre romantique de la Forteresse de Crozant, va correspondre la souffrance d’Émile qui s'y réfugie, tiraillé dans son histoire d'amour avec Gilberte

« Il leva les yeux, et vit devant lui, au-delà de précipices et de ravins profonds, les ruines de Crozant s’élever en flèche aiguë sur des cimes étrangement déchiquetées, et parsemées sur un espace qu’on peut à peine embrasser d’un seul coup d’œil.
Émile était déjà venu visiter cette curieuse forteresse, mais par un chemin plus direct, et sa préoccupation l’ayant empêché cette fois de s’orienter, il resta un instant avant de se reconnaître. Rien ne convenait mieux à l’état de son âme que ce site sauvage et ces ruines désolées. Il laissa son cheval dans une chaumière et descendit à pied le sentier étroit qui, par des gradins de rochers, conduit au lit du torrent. Puis il en remonta un semblable, et s’enfonça dans les décombres où il resta plusieurs heures en proie à une douleur que l’aspect d’un lieu si horrible, et si sublime en même temps, portait par instant jusqu’au délire.
 »

Et, plus tard, quand il la rencontre à nouveau, et qu'elle l'aime toujours … «   jamais il n'avait vu un plus beau jour que cette pâle journée de septembre, un site plus riant et plus enchanté que cette sombre forteresse de Crozant ! Et justement Gilberte avait ce jour-là sa robe lilas, qu'il ne lui avait pas vue depuis longtemps, et qui lui rappelait le jour et l'heure où il était devenu éperdument amoureux ! »

la Roche des Fileuses

Roche des Fileuses – légende -

En face apparaît, surplombant la Creuse, la roche gigantesque connue sous le nom suggestif de Roche des Fileuses, dont voici la légende :

« Lorsqu'aux jours ensoleillés du printemps, les bergerettes paissaient leurs moutons sur la montagne verdoyante, une sorte de joyeux tournoi s'établissait entre elles, ajoutant cet innocent plaisir aux charmes de leurs jeux champêtres.

Au signal donné, on voyait les intrépides jeunes filles, la quenouille au côté, le fuseau dans la main, debout toutes ensemble, sur le faite de la roche, qui s'élève à pic sur le torrent, à l'heure où le soleil descend lentement à l'horizon, et où la rivière miroitait, comme une immense lame d'argent diaprée d'efflorescences d'or pâle et d'azur.

Fileuse

Quelle sera la main assez habile pour laisser glisser jusqu'en bas son fuseau et le ramener à elle, enlacé de ses mille fils de lin ?...

Assis au haut de la vieille tour, le seigneur, entouré de sa noble épouse et des servants d'armes, les yeux fixés attentivement sur le groupe sémillant des fileuses, attendait avec émotion l'issue de cet intéressant tournoi.

La bergerette qui avait été assez heureuse pour triompher de cette périlleuse épreuve était acclamée par ses compagnes, qui la conduisaient bruyamment à la demeure seigneuriale où le vieux châtelain, après avoir effleuré son front virginal d'un baiser paternel, lui plaçait sur la tête une couronne de fleurs et lui offrait la main de l'un de ses plus jeunes varlets...

La reine de ce jour était la jeune bergère dotée comme une rosière de nos jours.

A ce moment le barde chantait sur la harpe sonore, le triomphe de la douce héroïne du Fuseau.
"Au loin des cris guerriers ont rompu le silence 
Allons ! Preux chevaliers armez-vous de la lance !
Est-ce l’ennemi qui s’avance ? 
Non, c'est la fleur d’amour,
Preux chevaliers, abaissez votre lance ! 
Saluez ! Saluez la reine de ce jour !
Chantez, chantez, l'hymne d'amour !"

Extrait de '' Histoire illustrée du château de Crozant '' Abbé L. Rouzier 1897.

Eugene Alluaud

Au XVIIIe s. Les coteaux qui entourent le bourg de Crozant, peuvent présenter une certaine désolation, tantôt arides et dénudés, tantôt couverts de vigoureux châtaigniers... Le village, face à la forteresse, domine la vallée sauvage... On trouve ici des juges, un notaire royal, un monastère de l'ordre de Saint-benoît, un clergé séculier et régulier...

Hugues-Thibault de Lusignan, et Jean-Léonard de La Bermondie, seront attendus par Sylvain Attale de La Marche comte de Crozant et de Puyguillon, et officier au régiment de Rouergue...

Les ruines de Crozant, viennent de lui être vendues - comme un banal domaine de paysans – par Nicolas Doublet de Persan. Ainsi, Sylvain de la Marche, dernier héritier des Comtes de la Marche ; peut récupérer les plus beaux fiefs de sa famille afin d'en reconstituer la patrimoine...

A suivre...