Conte : Le temps des loups

Publié le 26 juillet 2018 par Perceval

Autour de cette ancienne seigneurie, il ne reste qu'une forêt que l'on appelle les bois de Bouery. Si ce lieu reste sauvegardé, c'est peut-être du fait de toutes ces histoires que l'on se raconte... Elles évoluent selon le contexte politique, historique...

Ainsi, quelques années après la Révolution, il y a cette histoire, qu'au cours de veillées limousines, on se raconte :

Je joins quelques notes pour nous rappeler une actualité d'alors, qui est en tête de chaque adulte …

Ces bois de Bouery ont servi de cachette à des ''contre-révolutionnaires'' ; plutôt rares en nos régions, ils étaient d'autant plus facilement pourchassés... Bien sûr, depuis toujours la forêt était un lieu dangereux, et infesté de loups et de brigands...

Ensuite, on a parlé d'une ''meneuse de loups'', alors on a fait le rapport avec cette histoire là :

Il était une fois, en ville, un mariage peu ordinaire, puisqu’il s'agissait d'une alliance contractée entre deux familles, l'une aristocratique et l'autre roturière.

Elle, est la fille d'un seigneur, dont la lignée aristocratique remonte bien avant les XVe siècle dit-on et doit épouser ce jour, le fils d'un riche bourgeois influent dans l'Union des Sociétés populaires ( note 1)..

C'est un mariage arrangé ( l'ordinaire....). Ce sont les familles qui ont imaginé un pacte entre deux lignées que tout oppose ; seuls les intérêts familiaux y trouvent leur compte...

Les deux chefs de famille, se connaissent bien : tous deux sont libéraux ont l'habitude de se retrouver dans un espace dégagé de ''tous métaux'', c'est à dire en loge.

Seulement, c'était sans compter sur l'extrémisme royaliste d'une nouvelle génération que l'on avait pas consulté... En particulier la jeune fille et son frère, tous deux monarchistes radicaux qui n'acceptaient pas le rapprochement avec la roture... ( note 2). Tous deux avaient imaginé un plan qui leur permettrait de déclarer une guerre sans merci aux ennemis du Roi.

Le soir du mariage... Au moment où les deux mariés se rejoignent dans la chambre pour une courte nuit de noces ; et alors que les deux famille continuent de joyeuses agapes ... Le jeune marié – dans la chambre nuptiale, se trouve pris dans un piège fatal. S'imaginant seul avec sa jolie épouse ; il est transpercé et tué par l'épée du jeune frère noble. Ses cris et sa défense obligent plusieurs personnes à entrer dans la pièce, et constater le drame... L’alerte donnée, on aperçoit le couple meurtrier, s'enfuir, chacun à cheval...Ils sont poursuivis... Puis, lui est blessé à mort, et elle réussit à s'enfuir... Plusieurs témoignages ont contribué à penser qu'elle s'est réfugiée dans la forêt mystérieuse et interdite de Bouéry.

Cette vaste et gaste forêt est réputée abriter des hordes de loups...

Le pacte étant rompu, des châteaux ( plutôt des petits manoirs) sont saccagés. En représailles, des paysans sont pendus...

Nous sommes au temps de la '' Grande peur'' ( Note 3)

Note 1 : Plusieurs communes, sous l'impulsion de députés de la Convention nationale, ont fondé chacune leur ''Société Populaire'' ( sorte de club calqué sur celui des jacobins de Paris) ; en d'autres lieux, on les nomme aussi ''Société des amis de la Constitution''

Ici, plusieurs Sociétés ont fusionné et ont même commencé à organiser leur propre Garde Nationale.

Ces sociétés, diffusent les idées révolutionnaires et contribuent à '' l'agitation des esprits''. Parmi eux, on trouve en notre région de nombreux prêtres constitutionnels. Ici, également on admet toutes '' les femmes et filles dont le civisme et le patriotisme est reconnu...''

Note 2: Dans la société française de 1789, on ne confond pas le sang noble et le sang roturier. Pour entrer avec un grade dans l'armée, il faut prouver sur cinq générations au moins, ses quatre quartiers de noblesse... On peut même parler de races, quand les nobles se considèrent comme des ''francs'' et les roturiers comme des ''celtes'' … ! ( Voir, cette thèse défendue par Boulainvilliers, Fénelon, le duc de Chaulnes ...)

Note 3 : ''La Grande peur '', ou le ''complot aristocratique'' : Le curé de Champniers ( Limousin), a pris note des descriptions que lui ont faites ses voisins : « Les uns disent que ce sont les Anglais ( émigrés) , d’autres que ce sont des Pandours ( pillards) , des échappés des galères, des voleurs, ou des brigands ». Les brigands sont à la solde des aristocrates ...

On craint l'alliance entre les grands aristocrates et les puissances étrangères. Une rumeur parle de « 10 000 Piémontais, conduits par le comte d'Artois, qui pillent et brûlent tout sur leur passage ». Le « complot de famine », constitue, régulièrement, un thème répandu de la mentalité collective citadine, et les pénuries de grain du printemps 1789 ne font qu'intensifier considérablement ces anxiétés.

Pour retrouver une histoire de ''meneuse de loups'' ( La louba) : c'est ICI : http://queteperceval.blogspot.com/2017/02/histoire-de-sorciere-la-loba-de-laron-12.html